Toujours passer une frontière le plus tôt possible !!! On ne sait jamais ce qui nous attend.
Les Jesses's et nous, quittons l'Equateur très simplement en 10 mn chrono ! Il est 9h.
Laurent n'en revient pas!
La traversée du pont jusqu'au Pérou nous prend 1 mn,
On gare les motos,
et on ne le sait pas encore, mais on va attendre 3 h au chaud car l'informatique est planté.
Il est 10h on a encore le sourire !
Troy et Nathan, les canadiens rencontrés le matin même à l'hôtel, se sont connus sur la route, et ils se sont bien trouvés !
A l'arrache tous les 2, pas de plan, pas de carte, et ce matin pas d'argent ! " Il faut payer l'assurance les gars" !
Nous avons juste assez pour nous, et même en raclant les fonds de poche, on ne peut pas leur avancer l'argent pour l'assurance des 2 motos...Troy repasse la frontière en taxi pour tenter de retirer quelques dollards au distributeur de la ville frontalière.
Un colombien et son scooteur italien flambant neuf, apporte une note acidulée à la jolie brochette.
11h55, l'informatique est toujours planté, les douaniers proposent finalement de remplir les papiers à la main, à 12h05 nous sommes enfin au Pérou.
C'est le 3ème plus grands pays d'Amérique du Sud en superficie, après le Brésil et l'Argentine.
Sur les 30 millions d'habitants, environ 10 millions vivent à Lima sa capitale, fondée par Francisco Pizarro en 1535. Impossible de résumer en deux phrases les milles facettes de ce pays, berceau de la riche culture Inca. Tout en contraste, j'ai lu avec horreur, qu'une campagne de stérilisation forcée avait été menée entre 1995 et 2000 sur les populations pauvres de la Sierra, la Selva et les bidonvilles de Lima, visant à en diminuer le nombre...
La langue officielle est l'espagnol et le quechua est parlé par environ 14% de la population.
Les 300 premiers kilomètres nous désespèrent.
On s'était habitué à la propreté de la Colombie et de l'Equateur, à leurs jolis villages, aux véhicules en bon état, ici on se croirait au Guatemala...en pire!
Un paysage désolé ou les sacs plastiques sont autant de feuilles pendues à des branches desséchées, par les vents violents,
Successsion de villages poussièreux vivant dans leurs ordures et odeurs pestilentielles... malgré les injonctions des panneaux verts.
Seule la route principale est bitumée, les rues adjacentes sont de sable ou de terre, incrustées d'immondices, qui se transforment en bourbier à la moindre pluie.
Des usines de ciment dont on se demande si elles ne sont pas à elles seules, responsable de toute cette poussière... mais qui font bosser les hommes et les femmes de ces pueblos perdus.
Et puis, pendant des centaines de kms, le silence du désert en réponse à cette insulte.
J'aime ce décor sans fin, où rien n'arrête le regard et la pensée.
Heureusement qu'il y a ce joyeux bazard auquel on s'est habitué, qui anime le ronron de la route. Les véhicules qui déboulent de partout en klaxonnant pour un oui, pour un non!
des chèvres sans clignotant qui traversent sans crier gare !
un convoi de bêtes à cornes, qui défilent comme des majorettes,
des paysans juchés sur des chariots d'un autre âge
Dans les champs, on aperçoit le chargement des camions qui transportent ce qui reste après la récolte de la canne à sucre,
on les retrouvent plus loin sur la route, impressionnants de hauteur !
Les tiges de cannes à sucre serviront également à la fabrication de ses nattes avec lesquelles les péruviens construisent des sorte de huttes,,
des murs brise-vent dans les dunes, voire même les murs de leurs maisons. Je me demande encore comme ça tient ??!!
Les vendeurs en gros, de minis citrons verts,
mangues,
et autres fruits exotiques
cultivés sur les rives fertiles d'une rivière qui ondule entre les dunes de sables.
Et des rizières...en plein désert !
cultivées en terrasses avec un habile système d'irrigation.
Les épis de maïs sèchent tranquillement sur des baches posées sur l' asphalte chauffé par le soleil.
Ici les bougainvilliers poussent partout et lancent leurs tiges fleuries à l'assaut des tonnelles branlantes.
Première journée exténuante, on a la bouche pleine de poussière, et des crampes dans le cou d'avoir eu à lutter contre les rafales de vent et de sable. On se trouve un hôtel sur le bord de la route, le temps d' une douche, d'un repas et d'un lit ....et d'une séance de soudure pour le sélecteur cassé de Jessica, tombée à cause d'un trou qui s'est lâchement glissé sous son pied au moment où elle le posait à terre !!! Pas de chance, car du haut de ses 1m56, elle résiste à tout ma championne !!!
Troy et Nathan ont fini par trouver des dollards et c'est vers 20h qu'on les voit débarquer à l'hôtel.
Le matin nous prenons la route tous ensemble direction Trujillo. Et toujours dans le désert !
Petit contrôle de routine.
Ah ben ça c'est de l'autodérision !
Mais non, pas du tout !!! Moche est une civilisation précolombienne contemporaine des Nazca ( fameuses lignes du même nom que nous verrons bientôt) qui a vécu sur la côte nord péruvienne entre l'an 100 et 700 après JC.
A quelques kms au nord de Trujillo, nous découvrons les ruines de Chan Chan, capitale religieuse et administrative de la culture Chimu, qui a prit le relais de la culture Moche.
Maquette de la ville:
Construite en adobe entre le 12 ème et 14ème siècle ap.JC, c'est aujourd'hui un site archéologique qui s'étend sur 20 km2, on y trouve palais, pyramides tronquées, places, habitations, réservoir d'eau et astucieux système d'irrigation qui a permis de vaincre le désert. Ses murs d'enceintes atteignaient 12m de hauteur.
Mais en plein midi, ils projettent peu d'ombre sur les motards rotis.
Les 2 canadiens nous quittent et tracent la route car ils veulent passer le jour de l'An à Ushuaia.
On s'y promène comme dans un labyrinthe de murs décorés de motifs géométriques, poissons, pélicans.. en relief, sous un soleil de plomb.
On y croise des "men in black and white"
les stars d'un péplum que vous ne verrez jamais!
et toujours les paparazzi en plein action
sous le regard imperturbable...des statues de bois d'époque.
On a la surprise de croiser un chien Inca... au début, j'ai cru qu'il avait une maladie de peau !!!
Non non ! c'est un vrai chien nu inca. Le caresser est assez désagréable, on a envie de le passer au gant de crin, pour lui faire la peau douce! et je vous présente un chiot de chien nu Inca ! Je ne suis pas fan!
Il est temps de quitter ce lieu magique qui à si bien résisté au temps, car un mini bus de touristes vient d'arriver. Le chauffeur s'installe pour une sieste inconfortable
Un petit tour de piste et puis s'en va...
à Huanchaco, station balnéaire, célèbre pour ces embarcations de roseaux, assemblées par des mains expertes selon une technique séculaire.
Les "caballitos de Tortora" que les pêcheurs chevauchent (d'où leur nom !) depuis 3000 ans, sèchent dressées sur le bord de l'océan,
où sur la plage.
Une statue kitchounette où trône une sirène.
Nous partons à la découverte de Trujillo ! On est curieux de voir à quoi ça ressemble, car depuis que nous sommes au Pérou, question architecture, on a vu que des maisons en grossières briques de terre, et en canne à sucre tressée.
Magnifique cité...bruyante, mais magnifique ! la circulation est intense, à 90% ce sont des taxis, des touc touc et des bus, qui TOUS klaxonnent aux carrefours, ou pour attirer l'attention des piétons, clients potentiels, ou bien juste pour prévenir qu'ils doublent, tournent, s'arrêtent, un véritable fléau sonore nuit et jour. A tel point que des comités de quartiers se forment pour tenter de limiter la frénésie cacophonique. Je leur souhaite de réussir, c'est invivable.
Comme toute les villes coloniales , Trujillo a aussi été fondée en 1534 au moment de l'arrivée des conquistadors.
Sa gigantesque Plaza de Armas.
l'occasion de faire connaissance avec de jolies péruviennes.
et de croiser deux jeunes oies blanches.
la basilique Menor, reconstruite après le tremblement de terre de 1759, et qui peut changer de couleur en fonction des années, sur certains guides elle est blanche !
La couleur toujours la couleur et de jolis mariages;
Péruvienne en costume aux marches de l'église
Péruviens patients aux marches de la banque...
Nous terminons la journée en déambulant dans la rue pietonne commerçante,
le jour décline, le ciel s'empourpre,
et les garçons font un voeu en fermant les yeux, accrochés au bras du Père Noêl.
Après une nuit de pluie diluvienne, les rues de la ville sont noyées, car les systèmes d'évacuations sont à peu près inexistants.
Nous quittons les Jesses's, Laurent veut rejoindre Lima en traversant la Cordillère Blanche et délirer sur la piste du Canon del Pato.
Je le soupçonne de prendre les pires pistes juste pour faire triper nos copains BouXx, Scan, et RossiF...
Ca commence toujours bien , une belle route qui serpente,
puis subitement, plus de bitume.
Laurent dégonfle les pneus pour une meilleure adhérence et c'est parti pour 90 kms de cailloux dans des paysages...C'est vrai !!!....EXTRAORDINAIRES.
On va longer le fleuve Santa,
parfois de très près,
parfois de très haut,
traverser des ponts rafistolés,
une trentaine de tunnels taillés dans la roche,
reprendre mon souffle près d'une cascade,
gagner le sourire d'une jeune fille, en lui donnant quelques sols pour l'entretien de la route !
se faire attaquer par des machins à poils de toutes tailles
troubler la quiétude de villages silencieux aux maisons de briques de terre,
pour déboucher dans la Cordillera Blanca...
Mais on va se reposer un peu avant de l'explorer !
Si vous voulez voir, prenez ma place de passagère !
{youtube}fAavkFvLnAY{/youtube}