En 1 heure, on change de pays. Simplissime.
Je discute avec Coco, pendant que Laurent s'acquitte des formalités douanières.
Nous sommes en Bolivie. 37 langues officielles, ça donne une idée de la diversité culturelle du pays. Marqué aussi par l'instabilité politique, et les dictatures successives jusque dans les années 80. Depuis 2006, le président Evo Morales qui a pris de nombreuses mesures en faveur des indiens, rencontrent une forte opposition au sein des élites économiques de l'est du pays, notamment la région de Santa Cruz, à la limite de la secession.
En ce qui nous concerne, nous avons rencontré 2 problèmes directement liés à la polique actuelle. Le ravitaillement en carburant, très compliqué, car seules quelques stations sont autorisées à délivrer de l'essence aux étrangers, à un prix doublé, voire triplé.
Nous avons souvent été confrontés à une attitude désagréable de la part des boliviens. La politique protectionniste, stigmatise le "gringo". On nous refusé la chambre, ou fait payé le double du prix...
Les pierres de ce pays sont plus accueillantes.
Depuis Puno, nous longeons le Lac Titicaca sous un ciel bleu de carte postale. Nous dormirons à Copacabana, petite ville charmante et touristique.
La ville accueille tous ceux qui viennent faire bénir le moteur de leur véhicule...
Sur les stands on trouve le kit de baptème, fleurs, guirlandes, mauvais pétillant...
et monsieur le curé se plie à la tradition de bonne grâce...moyennant finances !
Des tas de pop corn géants dont les boliviens raffolent, il faut dire que les grains de maïs sont de la taille de mon pouce.
Dommage qu'ils soient préparés à l'avance, car ils sont un peu spongieux .
Nous grimpons...doucement, on est à plus de 3900 m sur la colline, le Cerro de la Cruz et ses 12 stations,
qui surplombe la ville et le lac.
Il se passe de drôles de trucs au sommet ! Rituels d'offrandes à la Pachamama, divinité qui représente la fertilité, l'abondance, le rendement des cultures... elle est la protectrice de tous les biens matériels.
Elle s' honnore sur le sommet d'une montagne.
On lui brûle des cierges,
les familles achètent des petites voitures, des petites maisons, des pousses de sapin, de faux billets de banque sur les stands ...
puis se livrent au cérémonial.
Ils disposent tout ça sur le sol, et chaque membre de la famille, arrose le tout de bière.
Surprenant et pas très écologique, car bien entendu tous les détritus restent sur place.
D'autres font appel à un yatiri, (prêtre ou sage) pour invoquer la Pachamama...
La Pachamama, d'origine pré-inca a du composer avec l'arrivée de Dieu lors de la colonisation ! Car la majorité de la population est indigène et vit encore de manière traditionnelle.
Sur les bords du Titicaca, la trucha, (truite), est LE plat local, je me suis régalée..." Ah ton poulet aussi a le goût de poisson !!"
Nous reprenons la route direction La Paz.
Un antique bac nous fait traverser le Lac Titicaca, dans sa partie la plus étroite, le Détroit de Tikina.
Pas de problème pour monter, mais pour en redescendre...vu qu'on n'a pas la marche arrière, il a fallu pousser les 400 kgs de la bête sur les planches disjointes en pente...
L'arrivée sur La Paz, par les villes de Viacha et El Alto, est grise, sale,
à part ce petit grain de folie !
boueuse, les rues n'étant pas goudronnées,
et embouteillée, car il n'y a aucune règle de conduite, c'est le plus gros et le plus gonflé qui passe...
sous le regard métallique du Che, qui comme chacun s'en souvient, a été tué en Bolivie, en 1967.
La Paz et les villes de El Alto et Viacha, comptent 1 600 000 habitants qui vivent dans une cuvette à 3660 m d'altitude,
dominées par le Nevado Llimani qui culmine à 6402 m...
On y respire très mal.
La Paz est le siège du gouvernement bolivien, le président Evo Morales roule en BMW un peu cabossée...On l'a d'ailleurs loupé de peu. C'est dommage j'avais deux, trois trucs à lui dire !
Le touriste avec sa tête de mort ne perturbe en rien le sérieux des gardes du palais !
Nous passons deux jours à nous balader en ville.
quel sac de noeuds !
Cette dame passe devant moi,
et monte en voiture...
Celle-ci déambule "calle de las brujas" rue des sorcières,
à la recherche des biens nécessaires pour sa table d'offrandes à la Pachamama.
Dans la culture Aymara, l'offrande la plus commune, est le foetus de lama....qui est enterré sous une maison en construction, genre de "pendaison de crémaillère", ou dans les champs, pour attirer la bonne fortune et repousser les mauvais esprits.
Dans les temps anciens, c'était une personne vivante qui était enterrée, à la place du lama !
Les temps changent !
Enfants Aymara.
Elégantes en chapeau melon. Il semblerait qu'il ait été adopté à l'époque de la construction du chemin de fer par les européens, dans les années 1920.
Des ados cagoulés vous proposent pour quelques bolivianos de cirer vos chaussures...pour nourrir leur famille ou payer des cours du soir. Ils ne veulent pas être reconnus de peur de subir la discrimination.
et toujours les marchés de rue, colorés et bruyants.
Les fameuses pommes de terre boliviennes. Il faut le savoir, la patate est originaire des Andes, entre Pérou et Bolivie. La pomme de terre à traversé l' Atlantique en 1570 avec les conquistadores. Aujourd'hui il existe encore 7 espèces et plus de 5000 variètés de toutes les couleurs et saveurs...
Et puis on se prépare psychologiquement, enfin surtout moi, pour "La Route de la Mort", "el Camino de la Muerte".
On avait vu un reportage sur cette route mythique, douillettement installés dans le canapé, à siroter un verre... Une soixantaine de kms de piste à flanc de montagne, qui débute dans les brumes de La Cumbre (4724m) pour finir à Coroico, au portes de l'Amazonie (1128m) , dans la région agricole des Yungas. Soit, 3600 m de dénivelé.
Empruntée quotidiennement par de gros camions hors d'âge et des bus bondés de locaux, il y avait environ 300 voyageurs qui y laissaient la vie chaque année.
Elle fait 3m de large et est à double sens, pour croiser il faut que l'un des deux recule...au bord du précipice.
Eh ben voilà on y est, pour de vrai ! plus de canapé, plus de plaid sur les pieds, nous deux et une moto de 450 kgs. Gloups !
Aujourd'hui une nouvelle route asphaltée sur l'autre versant, facilite la vie des usagers.
C'est donc uniquement pour le fun qu'on va la prendre, comme tous les fondus de mountain bike, amateurs de sensations fortes.
On fait l'aller à Coroico par le nouveau tracé, qui date de 2003, pour être dans le sens de la montée, côté falaise.
Petit arrêt pour se réchauffer d'un maté de coca, il ne fait que 5°.
J'ai donc tout le loisir d' observer du coin de l'oeil la fine estafilade qui barre la montagne.
Coroico et la Route de la Mort sont situées dans la vallée forestière pluvieuse, humide et tiède, des Yungas, zone de transition entre les hauts plateaux andins et l'Amazonie. Nous passons de 5° à 28° en 2h;
Les derniers 30 kms qui mènent à Coroico sont pavés de galets, bordés de bougainvilliers, d'orchidées sauvages et de papillons.
Et c'est parti, celui qui monte roule à gauche, côté falaise, priorité faite à celui qui descend, car il est le long du précipice.
Chute d'eau, éboulis
pont suspendu,
croix et plaques mortuaires de ceux qui ont fait le grand saut, émaillent la route.
Papotage avec 2 italiens et un brésilien.
Je chouchoute la monture pour qu'elle nous amène à bon port.
LA photo souvenir de l'un des points les plus spectaculaires.
Il est pas heureux mon homme sur la route de ses rêves ???
meilleures vues...
Et voilà c'est fini, on retrouve l'asphalte,
la brume et les lamas.
C'était moins impressionnant que je ne me l'imaginais... sans les camions, c'est presque une balade de santé !!!
Prochaine étape, Oruro.
Mais soudain, je hurle à Laurent de s'arrêter. J'ai cru voir un corps sur le bord de la route. Effectivement c'est un homme inconscient, sûrement un SDF qui gît face contre terre dans un nuage de mouches. Laurent le tire en arrière de la chaussée, et on fonce à la ville la plus proche pour le signaler aux autorités.
Des dizaines de véhicules sont passés à côté de lui sans s'arrêter...En Bolivie, on peut crever sur le bord de la route dans l'indifférence générale.
Oruro, 3710 m d'alt, ville minière. L'argent puis l' étain ont fait sa richesse.
Les filons se sont épuisés,
et aujourd'hui, la ville attire pour son célèbre carnaval. Les répétitions ont commencé,
Vidéo juste pour la chorégraphie !
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sous l'oeil connaisseur des passants.
Ici aussi il y a une colline...
Nous nous dirigeons vers le Sud Lipez, dans les paysages andins.
Des enfants sur le bord de la route tendent la main, espérant une obole. On ne peut oublier que la Bolivie est l'un des pays les plus pauvres d'Amérique du Sud
Les derniers kms avant Potosi sont à couper le souffle.
Des maisons en briques de terre, abandonnées, finissent de fondent au soleil.
On monte encore d'un cran, Potosi est à 4070m, c'est l'une des villes les plus hautes du monde.
Fondée en 1545 pour exploiter le Cerro Rico, "la montagne riche" et sa mine d'argent qui la domine de ses 4824m ;
L'argent qui en était extrait en quantité colossale, par le travail forcé des indiens, a enrichis l'Espagne et l'Europe pendant des années.
Des millions de mineurs y sont morts dans les éboulements, et de maladies respiratoires.
Aujourd'hui, les mines sont déclarées épuisées, mais continuent d'être exploitées artisanalement par les habitants, dans des conditions de sécurité effrayantes. Il est possible de visiter certains conduits...genre parcours du combattant, l'oxygène en moins, la poussière en plus. On signe même une décharge...
Vestiges du riche passé colonial de Potosi .
Prochaine étape, Uyuni et son Salar. J'apprends avec plaisir que la route est asphaltée...enfin il parait.