Aucun problème au passage de la frontière avec le Guatemala,
Je surveille les motos pendant que les garçons remplissent les formalités d'immigration...
Tous les papiers sont en règle, et on avait des photocopies.
Un copain espagnol me faisait rire avec son expression :" Aller de Guatemala a guatapeor" (traduire, "aller de mal en pis")... Aujourd'hui je rigole moins, car la réalité "es peor" !!!
16 millions d'habitants au Guatemala, La moitié est d'origine Maya, répartis entre 23 ethnies, chacune avec sa langue et ses coutumes... 80% des guatemaltèques vivent sous le seuil de pauvreté...55% des enfants souffrent de malnutrition...
Je plante le décor pour que tout le monde comprenne bien les photos.
Le crime et la corruption à tous les niveaux de l'Etat sont aussi deux plaies que le gouvernement actuel ne sait pas gérer.
La popoulation doit se débrouiller seule...
Le temps est incertain...la route aussi !
Comment ? ça ne te fait pas plaisir Joël d'être un délicieux poulet frit ?
Nous allons à Tikal, Joël trace jusqu'à Flores où nous le retrouverons demain soir.
Le site Maya de Tikal est en pleine jungle.
Il y les bêtes qu'on n'a pas vu,
et celle qu'on a croisé.
On monte la tente à l'abri sous un palapa,
Il est 15h, vu que le site ferme à 17h et qu'il faut environ 4/5h pour le visiter, on décide d'y aller tôt le lendemain matin...
Nous faisons la connaissance de deux savoyards, Fabrice et Philippe, qui voyagent en caravane "ERIBA" (pour faire plaisir à Fabrice!). Comme nous, ils sont partis de Montréal, ont traversé le Canada jusqu'en Alaska, puis US et Mexique.
Ils nous invitent à partager un plat de pâtes à la sauce tomate dans leur mini maison. Il y a de la bière dans le frigo et une bouteille d'alcool d'agave... On s'est marré toute la soirée !!!
Et il a plu à seau toute la nuit !
Au matin, nos nouveaux amis nous propose un bon café au chaud dans la caravane. Trop sympa !
Je croise les doigts pour que nos routes se croisent encore !
"Buena suerte les garçons".
Bon ben c'est parti pour patauger toute la matinée dans la jungle,
Laurent a acheté un poncho gris métallisé pour remplacer le Kway volé, c'est moche mais c'est mieux que rien.
Le site de Tikal, n'a été découvert qu'en 1948... Certains temples ne sont restaurés que sur une ou deux faces, car c'est la végétation qui maintient les pierres en place...
Malheureusement, il pleut vraiment fort, il est périlleux d'escalader les temples, car les hautes marches en pierre sont moussues et glissantes.
Même en grimpant l'un des plus hauts temples qui offre un panorama sur la jungle et tout le site, on ne verra qu'une brume épaisse qui étouffent les cris des oiseaux et des singes hurleurs.
L'appareil photo, déjà bien abimé par deux chutes, la poussière de la route, et l'humidité, ne veut plus rien savoir. L'objectif sort difficilement en tapant dessus et ne se referme plus...il n'y a pas que moi qui ai besoin d'être réparée...
Après 4 h à jouer les grenouilles, nous repartons. On pose notre petit bazar pour la nuit à Flores
et nous y retrouvons Joël.
Les intempéries, que dis je ! Jova, la tempête tropicale qui se déchaîne sur l'Amérique Centrale depuis 15 jours, pluies diluviennes jours et nuits... fait les gros titres des journaux.
Waouh!!!mais là, c'est le pont qu'on doit prendre pour aller au Salvador !!
Routes et des ponts emportés par les eaux, des milliers de sans-abris et des morts, c'est la saison des pluies au Guatemala, mais cette année est particulièrement gratinée.
Les journaux comparent Jova à Mitch et Stan, en 1998 et 2005, qui avaient également ravagé l'Amérique Centrale.
Effectivement, sur la route de Coban, situé dans la région montagneuse de la Alta Verapaz, on prend la mesure du chaos.
Certains villages, sont complètement noyés, un mal pour un bien, les femmes en profitent pour laver tout le linge
qu'elles font ensuite sécher sur les grillages.
Les enfants se baignent dans les champs, dans les fossés remplis d'eau ou devant leur maison inondée;
La pitchounette courait toute nue sur la route en riant.
Beaucoup d'indiens Mayas vivent dans des cases, au sol en terre battue, avec des murs de planche et un toit de palme...dans des conditions très difficiles.
ou bien des cabanes en tole ondulée...
Pas d'assurance, très peu d'aide de la part de l'Etat, qui de son propre aveu, reconnait n'avoir pas les moyens de faire face aux dégats... tout est trempé ou emporté par l'eau boueuse, et malgré toutes ces calamités, les habitants restent stoïques, le regard grave, comme tous ceux qui n'ont pas d'autres choix.
Les femmes et les fillettes sont toujours tirées à "quatre épingles" avec leurs jupes plissées et leurs jolis carracos brodés.
C'est sûr, notre "attelage" suscite la curiosité, leurs visages graves s'éclairent d'un sourire lorsque nous leur faisons un signe de main. Nous avons beaucoup de questions sur la moto et la France, nous nous sentons juste obligés de mentir sur le prix de la BMW...
La vie est rude au Guatemala. Même les enfants bossent dur et très tôt, nous voyons souvent sur le bord des routes, le père et le fils lourdement chargés
d'un gros sac de toile rempli de bois ou de maïs qu'is portent, lanière sur le front.
J'ai vu très souvent des gamins de 5/6 ans , machette à la main presque aussi grande qu'eux, qui défrichaient un lopin de terre...à l'âge où les notres ont encore un petit couteau à bout rond à table. Il est bien sur idiot de comparer, mais on a les "tripes " qui en prennent un sacré coup;
Les femmes et les fillettes , elles aussi portent leurs charges dans des baquets, ou des sacs posés sur la tête.
Beaucoup marchent des heures pour se rendre de leur maison en pleine jungle,
au marché de la ville la plus proche.
Ceux qui en ont les moyens, attendent un "collectivo" (mini-bus) , qui arrive souvent bondé, mais dans lequel il faut monter, sous peine d'attendre le suivant.
ou un pick up qui sert aussi bien à transporter les animaux, les matériaux que les gens, dans des conditions inimaginables.
La vie des animaux aussi, est très difficile, chevaux efflanqués
chiens galeux et affamés
il n'y a que les cochons qui mangent bien, mais ils ne doutent pas pourquoi !
..."Brigitte quitte St Trop, y a du boulot par ici !"
On attend le bac de Sayaxche, qui est un peu débordé!!!
le niveau de la rivière est très haut .
Les alentours sont noyés.
"Ben oui monsieur, c'est là bas le débarcadère".
Et c'est sur le tas de tas de cailloux que le bac accoste ?!! "Ben ça va être sportif"
J'ai pas voulu rajouter du lest, alors je suis montée dans un Pick up.
"Tu vois, c'est beaucoup mieux sans moi" !
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"Fais gaffe qu'elle tombe pas, y a du courrant !"
Lui c'est le monsieur qui conduit le bac !!!
L'état des routes est parfois excellent avec de magnifiques paysages de jungle,
et parfois il en manque des petits morceaux
ou des des gros...
Les élections présidentielles approchent, et c'est la course à l'électorat,
J'espère que la réfection des routes fait aussi partie de leur programme, car les gens en bavent, trimbalés comme des paquets sur les routes défoncées.
Comme il pleut encore on s'arrête deux nuits à Coban, dans un hostel, "la Casa Acuna"
La moto dort tranquille juste devant notre fenêtre de chambre.
L'établissement est aussi une patisserie réputée et un restaurant gastronomique dans une oasis fleurie
Il n'y a pas grand chose à faire ni à voir,
en dehors de l'agitation haute en couleurs et en senteurs du marché permanent.
Certains commerces jouent la carte de la diversification !
Jupettes et carracos, j'adore les couleurs, mais je ne crois pas pouvoir lancer la mode en France !
Ca grimpe sec, excellent pour entretenir notre forme !
Nous avons envie de voir à quoi ressemble un site qui concourrait en 2008 pour la qualification de 8ème "merveille du monde" : Semuc Champey.
Ce sont des cascades, et des piscines naturelles aux eaux couleur émeraude et turquoise.
Devinez quoi, la route est un enfer, et avec les pluies diluviennes des dernières semaines, faut être sacrément motivé pour y aller.
Pour commencer, une superbe route de montagne, couverte de jungle , de champs de maïs, de bananeraies,
et de maisonnettes isolées
puis une descente de 12kms
dans une vallée perdue jusqu'au petit village de Lanquin,à 10 kms du site.
On s'installe dans une pension, la moto garée à côté de la chambre
Un petit garçon joue dans l'entrée,
un autre veut que Laurent le photographie avec ses chiots.
Vite, on saute dans un collectivo,
qui nous emmène 10 kms plus loin,
Là où la rivière plonge dans un étroit goulet pour ressortir 500 mètres plus bas.
Tandis qu'en surface, de magnifiques piscines naturelles invitent à la baignade.
C'est beau... manque juste un rayon de soleil.
Retour humide et musclé à l'arrière d'un pick up bringuebalant.
Le lendemain aux aurores on se refait la route dans l'autre sens, vu qu'il n'y en a qu'une !
Il faut repartir sur Coban, pour prendre la direction de Guatemala City et Antigua, notre étape suivante.
Mais à 140 kms de Guatemala City, un embouteillage monstre, qui doit durer depuis un moment, puisque certains jouent aux cartes entre deux camions...Nous remontons la file sur 3kms jusqu'à l'origine du problème.
Et le blème c'est ça !!!
Une pelleteuse d'un côté, une chenille de l'autre, attaquent les tonnes de terre et de roches.
Il est 11h30 , le pronostique c'est la réouverture de la route vers 16H ...Bon ben on va attendre, puisqu'il n'y a pas d'autre route.
Les collectivos coincés de part et d'autre, s'organisent, et s'échangent les passagers qui descendent, chargés comme des mules avec leurs paquets, traversent par la forêt ou escaladent le gigantesque éboulement .
Des vendeurs ambulants venus du village voisin proposent à boire et à manger.
Situation à 13H30, après un second éboulement...
Nous décidons de faire demi tour, persuadés que la route ne réouvrira pas avant 18 ou 19h et comme il fait nuit à 17h30, il est préférable de trouver un hôtel et retenter notre chance le lendemain.
Y a plus qu'à croiser les doigts pour que le reste de la montagne ne dégringole pas.
On a bien fait, car on apprend au petit déjeuner que la route n'a été réouverte qu'à minuit.
Allez, on y retourne ...faut que ça passe maintenant!