Il est 9h, les pelleteuses ont bien travaillé, un passage boueux est dégagé et nous roulons sur une file.
L'état des routes est très, très mauvais, agravé par les éboulements, et les pluies diluviennes, qui font toujours la une des journaux.
Nous ne verrons rien de la capitale réputée dangereuse, que nous contournerons en apnée sur le "périphérique" embouteillé et enfumé.
Les fameux "chicken bus", anciens School bus américains, bien repeints mais mal réglés avalent les gens et les recrachent presque sans s'arrêter, à grand renfort d'impérieux coup de klaxon.
imité par les pick up transformés en mini bus.
Le motard de la capitale se doit de rouler avec un casque et un gilet sur lequel le numéro d'immatriculation doit être écrit en gros, et deux hommes ne peuvent circuler sur la même moto!!!
Ces mesures ont été prises car de nombreux assassinats et règlements de compte, ont été perpétrés par des hommes en moto... !
Pourvu que les policiers ne prennent pas mon appareil photo pour une arme de poing...
Elle a pourtant l'air sympa la jeunesse branchée de Guatemala City.
Le guatemala a lui aussi sa perle, Antigua.
Très belle ville coloniale, architecture hispanique, et ambiance cosmopolite, elle est construite au pied de trois volcans, l' Agua, l 'Acatenango et le Volcan Fuego toujours en activité.
L'histoire de cette ville est surprenante. Elle fut la capitale du Guatemala de 1543 à 1776, détruite presque entièrement par un tremblement de terre en 1773, le gouvernement fut transféré dans l'actuelle ville de Guatémala City. Celà provoqua un mouvement de résistance qui fut stoppé net par une loi qui déclara illégal de vivre à Antigua.
La ville fut donc abandonnée jusqu'au début du 20ème siècle, ce qui explique qu'aujourd'hui encore de nombreux monuments, notamment les églises soient toujours à l'état de ruines post tremblement de terre.
Depuis elle a été déclarée Monument National en 1944 et classée UNESCO en 1979.
Aujourd'hui Antigua est une ville très touristique,
avec des dizaines d'églises,
dont certaines en ruines servent de garage pour les chars de la semaine sainte qui défilent dans les rues recouvertes de fresques réalisées en pétales de fleurs,
(photo internet)
de jolis hôtels aux patios fleuris
qui accueillent le motard et sa monture,
des restaurants et des magasins chics ... surveillés de près !
Les petits commerces se protègent eux aussi... typique, la mob dort dans le magasin et les gens font leurs emplètes au travers des lourdes grilles
Les anciens lavoirs.
Les femmes mayas en costumes colorés nous rappellent que la population indienne est prédominante au Guatemala.
Certaines ont abandonné la longue jupe et le carraco, mais pas la traditionnelle façon de porter
La modernité c'est pas mal non plus...
Petits vendeurs des rues
et mendiant
Tourisme oblige, une concentration importante de marchés artisanaux
ou il y a, l' homme qui attend que sa femme revienne avec le porte monnaie
et celle qui attend que le porte monnaie passe devant son étal !
Ici vous pouvez acheter, non pas le téléphone mais la conversation téléphonique !
Les "chicken bus" d'Antigua ont un charme fou, et sont bichonnés par leur propriètaire.
Ils roulent comme des fous
Sur la route, beaucoup s'en remettent à Dieu,
comme je les comprends...entre l'état du véhicule, l'état du conducteur et les tas de trucs sur la chaussée!!
mais parfois ce n'est pas suffisant...
"Dit bébé, ça t'embête que je colle un sticker de Jésus sur la bulle de la GS ? Just in case ?"
Les rue d'Antigua entièrement pavées de pierres, parfois disjointes, parfois manquantes sont tellement parsemées de boulons et de vis en tous genres, qu'on pourrait monter une quincaillerie.
Façades colorées et vieillies, jolies ouvertures protégées par des grilles en fer forgé ouvragé épuisent les batteries de nos appareils photos.
Une petite grimpette jusqu'au Cerro de la Cruz pour admirer la ville dominée par le Volcan Agua
On commence à comprendre que la protection et le respect de l'environnement sont l'apanage des pays riches. A quelques kilomètres, dans les hauteurs d'Antigua, on retrouve les déchets de la ville.
Des villages très pauvres vivent au milieu de leurs ordures,
dans l'indifférence générale, nous avons même fait demi tour car la route principale disparaissait sous les immondices.
Les volcans nous attirent, et l'Amérique Centrale est une vraie poudrière car beaucoup sont en activité.
Le volcan Pacaya est l'un d'entre eux, situés à 40 kms d'Antigua, il est possible de monter assez haut sur ses pentes de lave. Sa dernière éruption date de 1998 à ...2010. Un peu long au tirage le pépère !
les derniers kilomètres avant le départ du chemin de rando sont une route taillée dans la lave
La moto est toujours un bon sujet de conversation.
Un guide nous accompagne pour 4kms de marche jusqu'au point le plus haut autorisé, on a le temps d'admirer la vue de l'autre face de l'Agua qui surplombe Antigua.
On cultive sur les pentes fertiles des volcans le fameux café du Guatemala...maintenant qu'on a vu, on sait l'importance du commerce équitable.
Les traces noires sont les plus récentes coulées de laves du Pacaya,
Nous approchons du cratère.
Partout autour de nous des fumerolles s'échappent des crevasses de lave durcie.
Nous sommes même descendus dans une sorte de grotte envahie de vapeur d'eau, le guide explique que , les infiltrations des dernières pluies provoquent le phénomène en entrant en contact avec la lave.
Un vrai hammam... j'ai pensé à toi Vanessa !!!
Ca laisse rêveur Laurent qui ,pour la première fois ,met les pieds sur un volcan.
Et puis surtout, nous étions seuls
dans ce paysage lunaire;
aux roches torturées.
Moi la grimpette ça m'a juste donné encore plus envie de partir sur le Chemin de Compostelle, j'ai déjà mon bâton de pélerin!
Prochaine étape, le Lac Atitlan.
Encore des éboulements qui coupent les routes,
des tumulos qui agressent les roues, et nos fesses !
des femmes, des hommes et des enfants sur la route qui marchent, écrasés par leur charge.
des villages accrochés aux flancs des montagnes
des rochers peints aux couleurs des différents partis, car l'Amérique Centrale est en période d'élections présidentielles.
et toujours ces chiens errants plus morts que vifs.
La route bordée de champs de café
Lake Atitlan est entouré de volcans,
et de villages indiens Zutuhils, d'une ethnie différente de celles que nous avons déjà rencontrées. Le village de Santiago Atitlan fut d'ailleurs le lieu de lieu d'une féroce répression pendant les années de Junte.
La montée des eaux à noyé une partie de la ville de Santiago d' Atitlan
celà fait la joie des enfants
et ne gêne en rien la joyeuse séance de lessive collective.
Je suis toujours attirée par les étoffes et les ouvrages faits main des femmes. Créations multicolores et joyeuses...pour éclairer leur vie ?
Les femmes travaillent
pendant que ces messieurs papotent.
Mais la misère n'est jamais très loin, cette vieille femme assise sur les marches du petit restaurant où nous dinions, est venu chiper mon os de poulet, qu'elle a fait disparaitre sous ses jupes en un éclair. Nous lui avons acheté quelque chose à manger...un goutte d'eau dans un océan.
Notre chambre donne sur les toits et le volcan,
j'observe un enfant, grimpé sur les tôles de sa maison, qui joue au cerf-volant. Evasion...
Ici aussi le propriètaire de l'hôtel a accepté la moto dans son couloir...ça n'a gêné personne, nous étions ses seuls clients.
Sur la route d'Escuintla , un groupe de motards en hypersports flambants neufs, nous doublent comme des missiles sol-sol.
On se dit qu'ils sont sacrément gonflés, vus les énormes trous sur la route, profonds de plusieurs dizaines de cm, déjà à 90km/h en GS c'est slalom géant mais à 160km/h, c'est la roulette ...guatemaltèque... Et à ce jeu là, il y en a un qui a perdu...le contrôle.
Il a plié sa bécane, mais lui a eu de la chance, un mètre plus loin, il y avait deux poteaux...
Etrange contraste culturel et social entre cette vieille femme qui attend les restes de votre repas et un jeune con friqué, qui, un dimanche après midi, se permet de planter un GSXR dernier modèle, en roulant comme un naze sur une route défoncée !
Nous approchons de la frontière du Salvador, les infos sur la possibilité de passer sont contradictoires. "Bon ben on verra bien"...Effectivement, ça ne passe pas partout ! La rivière en crue a emporté les piles du pont qui s'est effondré.
Celà nous oblige à faire un gros détour, et la journée est trop avancée pour envisager de passer la frontière. On se trouve un petit hôtel à Jalpatagua, tranquille pour passer notre dernière nuit au Guatemala.
"Les gens qui ne vivent pas comme nous ne sont pas obligatoirement malheureux..."Je me disais ça tous les jours, le Guatemala nous a marqué.
Ce pays avance... à petits pas et les guatemaltèques espèrent que le futur gouvernement aura la poigne nécessaire pour mettre le pays sur la voie de l'évolution.