Ultime répétition avant le grand départ, notre choix s'est porté sur l'Ecosse, en effet il nous fallait une région à la réputation musclée et rude, un climat qui vous met à l'épreuve, des routes isolées et tortueuses, bref tout pour en baver..
Compte tenu de notre projet de voyage Trans'am 2011, nous voulions tester tout notre équipement.
L'Ecosse, s'est imposée comme destination idéale. Suffisamment proche de la France pour être envisagée en 15 jours chrono; et un climat susceptible de mettre à l'épreuve, notre matériel... nous y compris.
Nous n'avons pas été déçus....
Côté température, mini 12°/maxi 18° de jour et surement au dessous de 10° la nuit.
Isolation thermique super top de nos duvets, de nos blousons et pantalons moto (+ doublure hiver)
Côté précipitations, douche écossaise à la hauteur de sa réputation, voire parfois franchement le déluge.
Verdict positif pour la tente super étanche, et les blousons . En revanche score nul pour les pantalons et les chaussures.
Mention spéciale pour l'habitabilité de la tente, qui permet d'abriter le matériel, tout en préservant notre confort.
Nous avons même pu cuisiner sous l'auvent, lors d'une soirée à Edinburgh particulièrement arrosée.
Un bémol pour le montage les jours de grands vents, elle a tendance à se transformer en voile spinaker et nous en moussaillons débordés.
Quant à la moto, Laurent n'a pas de mots assez tendres pour vanter les qualités de sa belle ( je veux parler de la moto, malheureusement pour moi !!)
VENDREDI 30 JUILLET 2010
La Ville aux Dames → Boulogne S/Mer
15h30, tous pleins faits, motos chargées, Ecosse nous voilà!
Objectif, être à Boulogne ce soir pour embarquer sur le ferry demain matin à 9h.
Et les Kms défilent.
Ma vie à bord n'est pas très confortable, l'air s'engouffre dans mon nouveau blouson et ça me gène; j'ai mis mon ancien casque ( car le nouveau prend l'eau , si, si !!) mais il est très bruyant, autant qu'à un concert des Backyard's babies ( hi hi hi ) du coup je mets des bouchons d'oreilles.
Et laurent ? ben ....Nickel, nouveau blouson, nouveau pantalon, moto chargée comme une mule, tout nickel.
Quand on vous dit que "les Hommes viennent de Mars"!
Embouteillages à Rouen, on s'en fiche , on remonte les files, gare aux sacoches tout de même.
Arrivée à Boulogne S/Mer à 20h30, soit 5h de route.
Nous nous installons au camping à Le Portale.
"Les tentes, c'est tout en haut à côté du phare" Bon d'accord..... "Oh mais c'est loin des sanitaires!" Oui mais on voit la mer! "C'est beau la mer!"
Tente installée, main dans la main, nous partons à l'assaut de la baraque à frites aperçue à l'entrée.
Ce camping est en fait un lieu de villégiature pour les gens du coin, car il n'y a que des 59 et des 62. Des gens qui regardent passer les ferries sans jamais y monter. Il y a d'antiques mobil-homes peints et repeints, décorés de fleurs éternelles en plastique, comme dans les cimetières, des nains bariolés veillent sur Bambi et le traineau du Père Noêl. Et tout le monde se connait .
Nous commandons une fricandelle, servie dans une grande feuille de papier blanc... 3 mois de régime fichus en l'air.
Mais c'est trop bon les frites et les saucisses pleines de sauce !.
SAMEDI 31 JUILLET
Boulogne Sur Mer → Carlisle
Réveil 6h45, casques bouclés 7h40
Le ferry est à 9h.
Petit couac, nous n'avons pas de £, et les banques ne seront peut être ouvertes que lundi.
Les formalités sont simples et rapides, et je n'ai pas le temps de me faire un film sur l'éventuelle difficulté à monter sur le bateau en moto, que déjà, elles sont garées, sanglées, et nous buvons un black coffee dans le salon face à la mer.
Laurent dort sur la banquette, moi j'écris, le bruit des moteurs nous berce.
Arrivée à Douvres, il est 10h , heure locale.
La pluie comme un brumisateur géant nous accueille.
Normalement tout est étanche!
Il nous faut traverser l'Angleterre, et rouler à gauche! surtout rouler à gauche! Pour moi, c'est une première, Laurent en vieux routard connait déjà.
Pour déjeuner, laurent contacte son ami Pat. Nous le rejoignons dans la banlieue de Londres à Uxbridge.
Retrouvailles avec Pat et sa bonne humeur, la dernière fois c'était en 2007; le temps passe. Il arrive sur son vieux ZX de 94 qui a du en voir.
1er pub, 1er Fish & Ships.
Laurent et Pat évoquent "le bon vieux temps" d'il y a 20 ans... et moi, vu que je n'y étais pas, je souris en comprenant un mot sur 4.
It's time to go.
Arrivée à Carlisle, à quelques Kms de l'Ecosse.
Le camping est comme posé sur un green de golf, l'herbe y est aussi verte que mes petits pois de midi. Les sanitaires sont bien entretenus et le propriètaire a gentiment accepté nos euros.
Ce soir,c'est fête, nous dinons dans un pub.
Il fait encore jour, lorsque devant un troupeau de moutons paisible, nous nous glissons avec bonheur dans notre duvet et nous endormons comme deux motards qui viennent de faire 1200 kms en 1 jour et 1/2.
En pleine nuit, réveillée en sursaut, j'aperçois une ombre sous l'auvent, en hurlant un cri de guerre, je tambourine sur l'intru qui , bien sur n'est autre que Laurent, regard médusé, sandalettes à la main, sortant de la tente afin de satisfaire un besoin naturel!
Shame on me! je préfère me rendormir.
DIMANCHE 1er AOUT
Carlisle → Fort William
La journée commence par un grand éclat de rire, en évoquant ma parano de la nuit . Une tasse de café brulant et une part de gateau en guise de petit déjeuner, nous comtemplons la campagne anglaise, verte et brumeuse.
Tentés par un English breakfast, et la possibilité d'une connection WIFI, nous nous arrêtons dans une station service "Welcome Break". Au moment de se garer, la malchance a voulu que je pose le pied sur un couteau en plastique, qui a glissé et bardafouac! résultat, rétro droit cassé, pas terrible lorsqu'on roule à gauche, levier d'embrayage plié, et mon pied maché! me voilà clopinante pour les vacances. En serrant fort le lacet de ma chaussure, la douleur est moins forte, pour marcher et passer les vitesses. Que tout le monde se rassure, on l'a pris quand même le p'tit déj!
Nous reprenons la route et entrons en Ecosse. Nous passons Glasgow, les paysages changent peu à peu, les Highlands se dessinent. Une très jolie route serpente le long du Loch Lomond, le plus grand d'Ecosse, pendant plusieurs Kms. Nous traversons la vallée de Glencoe, accompagnés par des averses. Sur une aire de repos, un écossais en costume traditionnel joue de la cornemuse sous une pluie fine, et vient nous réclamer des sous pour l'avoir pris en photo.
Arrivée à Fort William située dans la vallée Glen Nevis dans la régions des Lochs.C'est également une ville très fréquentée par les randonneurs car elle est située au pied du Ben Nevis culminant à 1344m, c'est le plus haut sommet ; et sa réputation de ville la plus arrosée d'Ecosse (300j de pluie/an) n'est pas usurpée.
Le camping est immense et bondé. Un jeune couple voyageant en tandem plante sa tente à côté de nous. Ils sont partis de John O'Groats et descendent en Cornouaille à Land's End....avec leurs deux paires de beaux mollets!!!
En fait il faut savoir que ces deux points cardinaux du continent britannique sont des enjeux de raliements par tous moyens de transports possibles pour les anglais (vélo, moto, voiture ancienne, etc) et la récompense ultime consiste à faire la photo sous le panneau avec la mention de son voyage.
Ce soir dinette devant la tente, un geste malheureux qui en entraine un autre et une réaction en chaine qui oblige Laurent à ramasser son dïner à la cuillère. Le vin, la vinaigrette, sa gamelle , tout s'est renversé. Le rire l'emporte sur l'énervement.
Pour couronner le tout, les midges ( minuscules moustiques écossais qui piquent ! ) sont de sortie !.
Allez, une bonne douche, ça va nous détendre.
LUNDI 2 AOUT
Fort William → Beauly
English breakfast en ville pour bien commencer la journée.
Direction le pont de Glenfinnan, célèbre pour apparaître dans plusieurs "Harry Potter". Très joli panorama avec en toile de fond le Loch Shiel.
En rejoignant Fort William, nous traversons le canal Caledonian reliant la Mer d'Irlande à la Mer du Nord. 4 voiliers en transit suscitent la curiosité générale au passage des 8 écluses du "Neptune's Staircase" qui permettent d'absorber un dénivelé de 22 mètres sur 500 mètres en 1h30.
Loch Lockie, Loch Ness, nous profitons de ces paysages de carte postale.........ainsi que bôôôcoup d'autres touristes! du coup nous évitons de nous arrêter dans ces petits villages pittoresques mais surpeuplés.
S'arrêter sur le bord des Lochs est difficile car il n'y a que très peu d'aires de repos .
En ce qui me concerne, la conduite à gauche requiert toute mon attention, je ne profite donc pas beaucoup des panoramas.
Ce soir, nous devons passer voir un couple d'écossais du côté d'Inverness. Laurent est en contact avec eux par le biais du site "Horizons Unlimited". Peut être nous inviteront ils à dormir chez eux? Ed, l'australien que nous avions hébergé en juin les avait rencontrés, et ils sont parait -il très sympas.
Nous contournons Inverness, et nous arrêtons chez un motociste "Mitchells Motorcycles" en croisant les doigts pour qu'il ait un rétro en stock. Oh miracle, je repars avec un super rétro d'occase de CBR !.
Nous avons eu Bruce au téléphone et il nous attends pour nous conduire chez lui. C'est une charmante maison, isolée, sur une petite route sinueuse, bordée de prairies, et de forêts. Bruce et Stella projettent de partir eux aussi en Amérique Latine, mais dans 3 ans et chacun sur sa Yamaha 250 trail.
Nous passons une soirée très sympa, autour d'un barbecue improvisé. La bière et le vin, nous donnent l'impression de nous connaître depuis longtemps.
Tous les sujets chers aux coeurs des voyageurs sont abordés avec ferveur. Mais il est tard et Bruce et Stella bossent demain. Ils nous offre l'hospitalité, les duvets sont jetés sur le canapé lit de la chambre d'amis, et nous nous endormons comme des souches.
Je crois qu'on a un peu abusé de la bière, du vin, et du whisky.
MARDI 3 AOUT
Beauly → Wick
6 heures, Réveil un peu matinal, oups !, mon portable est à l'heure française. Ben je ne comprends pas, on se lève à quelle heure depuis le début ??
Petit café dans la cuisine, et Stella part travailler en nous souhaitant un bon voyage. Bruce va nous accompagner un peu avant de nous quitter.
1800 Kms au compteur. J'ai un nouveau rétro de CBR, ça va peut être m'aider à prendre de l'angle.
English Breakfast, qui nous permet de goûter le fameux haggis, pour les néophytes, de la panse de brebis farcie.
Comment vous dire..... le matin à 9 h... bon il fallait goûter, c'est fait. Une sorte de chair à saucisse un peu faisandée, au petit déjeuner, c'est vraiment too much. Et on se dit que ça l'est aussi pour le déjeuner et le dîner... what else ?
Nous passons devant la fabrique du très célèbre whisky GLENMORRANGIE a Tain et décidons de la visiter.
Je passe rapidement sur les procédés de fabrication, puisque c'était en anglais et que je n'ai pas tout compris ( j'ai voulu faire ma craneuse, et j'ai refusé la traduction écrite proposée).
Dans le désordre, il faut des céréales, de l'eau très pure, de la tourbe pour le p'tit goût fumé, mélanger, distiller, vieillir, tonneaux, alambics en cuivre, immenses cuves inox pour la fermentation. Bon voilà, maintenant faut le coup de main, c'est sûr !
Glenmorrangie a été racheté en 2005 par le groupe LVMH ( Louis Vuitton,Moët, Hennessy)
La route qui va nous mener à John O'Groats longe la mer ; les montagnes des Highlands, sauvages et désertiques, battues par les vents. Le ciel menace. Une atmosphère étrange et irréelle plane ici.
Nous arrivons à Wick pour planter la tente et le soleil est de retour.
La dernière sardine en terre, nous sommes déjà repartis. Au bout de notre première single track road, le chateau Sinclair dresse ses ruines sur une falaise déchiquetée. Il fait tellement beau que nous décidons de pousser jusqu'à John O'Groats, sur les traces des motards de "Long Way Down".
Nous sommes au point le plus au Nord du continent britannique, j'ai 1970 Kms au compteur depuis la maison.
Le Pôle Nord est à 2000kms, 3 jours de route, ben si on est cap !.
MERCREDI 4 AOUT
Wick → Durness
Ce matin, une chaleur inhabituelle s'insinue dans la tente. Laurent entrouvre la toile, et un rai de ciel azur colore cette magnifique journée.
Peu de Kms à faire mais dans un décor du bout du monde.
Direction Dunnet Head qui est en réalité le véritable point le plus au Nord, mais beaucoup moins touristique que le John O'Groats .
Puis nous longeons la côte Nord-Ouest des Highlands. Les landes sont couvertes de bruyères, la terre est noire et gorgée d'eau. Les rivières serpentent dans les tourbières dont certaines sont exploitées.
La circulation est quasi nulle, et la courtoisie règne. Nous pique-niquons près d'un vieux pont de pierre, seuls. Parfois un gros nuage brumise l'air avant que le soleil ne regagne la partie.Des criques paradisiaques se dévoilent au détour d'un virage de notre single track road, et ouvrent des brèches turquoises dans les falaises abruptes.
Depuis le début du voyage, ce sont les plus beaux paysages traversés.
Ce soir nous campons sur un promontoire rocheux qui surplombe une crique fabuleuse, eaux turquoises et sable blanc. Il y avait même quelques baigneurs courageux.
Monter la tente a été plutôt sportif, car un vent violent s'en est mêlé et la pluie l'a rejoint.
Une récompense inattendue se dessine dans un ciel qui hésite entre bleu et gris, un gigantesque arc en ciel.
Au dîner, un poulet tikka massala surgelé acheté à la superette, cuit sur le réchaud installé sous l'auvent, et mangé, habillée en marin pêcheur breton, mais face à la mer, il a un goût inoubliable.
Ce soir, le bruit du ressac nous berçera.
Allez, je referme le book, assise dans la tente, les pieds dans mon duvet, face à la mer, il pleut encore, mais ça se dégage sur l'océan. Je me dis que la vie est belle.
Bonne nuit mon amour.
JEUDI 5 AOUT
Durness → Ullapool
Il a beaucoup plu cette nuit, et ô miracle, ce matin le soleil nous fait cadeau d’une jolie lumière.
Nous en profitons pour prendre le petit déjeuner face à la mer.
Aujourd’hui sont prévus, 120 Kms de single track road, des "passing place" sont aménagés tous les 300m, ce qui permet de se croiser. Vitesse réduite, on apprécie le paysage. Et c’est une féerie de couleurs, de lacs et de rivières tortueuses. Les rochers humides qui parsèment les bruyères, luisent comme des diamants sur les flancs des montagnes. Les terres noires sons gorgées d’eau. Chaque virage dévoile un nouveau panorama sous un ciel plombé. Grand écran en cinémascope, d’ailleurs ça nous rappelle les films qui y ont été tourné.
La single track road longe des lochs de mer en un tracé sinueux et accidenté. J’ai parfois l’angoisse de tomber nez à nez avec une voiture arrivant en sens inverse. D’ailleurs une vive altercation entre un couple de motards allemand et un automobiliste, allemand lui aussi, leur permettent de s’engueuler copieusement, aucun des deux ne voulant céder le passage...Y a bien que des étrangers pour se disputer ici!!
Mais, c’est la seule fois ou on a pu prendre des photos , alors merci !
Arrêt dans un minuscule village (Drumbeg) , ou la moitié des habitants sont des moutons, je suis à la recherche d’une peau de mouton, pour ma selle (sur les conseils avisés de vieux briscards du voyage).
Soudain, au loin, les tours en ruine d’un chateau au nom imprononçable (Ardvreck castle) se dressent comme une invitation à un voyage dans le temps. La légende veut que 2 fantômes hantent les lieux ! choueeeette ! Mais à part un mec en K-way jaune…on n’a vu personne !
Arrivée à Ullapool, le camping est face à un bras de mer, le Loch Broom, le ballet incessant des ferries reliant les Iles Lewis et Harris nous amuse, car un effet d’optique donne l’impression que le bateau entre au milieu des caravanes.
Un p’tit tour en ville, un p’tit verre dans un pub, histoire de recharger le netbook et papotage avec 2 conducteurs de bus touristiques sympas et drôles.
A notre retour au camping, une horde de motards et leur assistance en 4X4 se sont installés just in front of us. Ils portent des tee-shirts « Lang Way Roon » comme un clin d’œil au trip de Boorman/Mc Gregor, « The Long Way Down » ;
Mais bon, pas sympa, même pas bonjour ! Quand je pense que sur la route, et que j’te lâche le guidon au risque de se coller au tas, pour saluer des mecs que tu ne connais même pas et qu’une fois garés, ils ne te calculent pas !. Bien l’esprit motard !. Coup de gueule du soir……
Nous dinons, tous les 2 sans un regard pour ces faux frères qui se la pètent.
VENDREDI 6 AOUT
Ullapool → Applecross
Nous allons faire aujourd’hui les plus jolis Kms de notre séjour en Ecosse, à mon avis ! Technique mais grandiose. Peu de photos, car il est très difficile de s’arrêter sur cette portion de route, dommage car mon vocabulaire est pauvre pour décrire les paysages, les atmosphères et accessoirement, mon stress lors de certains passages.
La matinée commence par une promenade jusqu’à une jolie cascade, (les chutes de Meseach) dans une gorge traversée par un pont suspendu. Ce n’était pas Niagara !
Au détour d’un lacet, une baie magnifique (Gruinard bay) aux eaux cristallines et sable blanc nous fait les yeux doux, mais elle est défendue par des légions de midges , qui sitôt la visière relevée attaquent en rangs serrés. C’est la guerre ! Et nous battons en retraite.
Quelques Kms plus loin nous nous arrêtons sur les bords du Loch Maree, dont les eaux sont, parait-il, les plus pures d’Ecosse ! Mouais, vu sa couleur, je n’en suis pas convaincue.
Une table et des bancs face au lac, pour un déjeuner en compagnie d’un couple très sympa, originaire d’un village de l’Aisne près de Chimay (pour les amateurs de bières). Nous discutons 2 h, pendant la sieste de leur enfant. Ils arrivent de l’Ile de Skye, nous y allons. Nos chemins se séparent.
Cette fois la pluie nous accompagne et redouble d’ardeur, lorsque nous traversons le Glen Torridon. Nous sommes seuls à rouler sur une single track road, perdus au fin fond de l’Ecosse dans une atmosphère de fin du monde…… Coupez, elle est bonne ! on la garde !
Arrivée à Applecross sous la pluie, le terrain de camping est détrempé, et de profondes ornières nous renseignent sur la météo des derniers jours. Voilà ce que j’appréhendais, monter la tente sous l’eau.
Heureusement, une petite accalmie nous permet de planter, avant le déluge.
Lavage, séchage, ou les petits bonheurs de 2 motards rincés.
Une sorte de serre-tunnel, fermée et fleurie, est aménagée en salle de restaurant, nous dinons au sec, 3ème petit bonheur.
C’est vrai que la journée a été rude.
Conduire sur les single track road est assez fatigant, l’attention est soutenue, croiser les autres véhicules, surveiller du coin de l’œil les moutons en liberté au bord des routes, éviter les nids de poules.
C’est du boulot !
Gros dodo mérité.
SAMEDI 7 AOUT
Applecross → Portree (Isle Of Skye)
Ce matin, le temps est incertain, gris, froid et humide. Nous plions la tente, trempée et pleine de gazon tondu.
Et là, je ne le sais pas encore, mais je vais rouler sur la pire route de ma carrière !
La single track road débute gentiment en sortant d'Applecross par quelques lacets serrés traversant des landes verdoyantes et brumeuses. Puis les lignes blanches qui bordent la chaussée se rapprochent….et de chaque côtés, des ornières profondes et noires. La route s’étrécie et grimpe en virages très serrés, la visibilité diminue au fur et à mesure de notre ascension, comme si nous roulions dans un nuage blanc, épais et glacé. Je discerne à peine la lueur du feu arrière de la GS, qui pourtant n’est qu’à quelques mètres de moi. Je me demande ce que je fais là ! Partagée entre la terreur et l’envie d’en finir au plus vite. Un parking, se garer, attendre que le brouillard se lève, mais non ! Allez souris, Laurent prend la photo ! Et ça repart !
Et si une voiture arrive en face ?...........Je serre les dents.
Ouf, la descente s’amorçe, le brouillard s’effiloche et nous dévoile un panorama à couper le souffle, la route court à flanc de montagne et dans la vallée coule une rivière. À l’horizon, un lac comme un miroir reçoit les premiers rayons d’un soleil timide. Difficile d’expliquer ces émotions.
La descente est tranquille, mais nous croisons un camping-car, qui malgré un immense panneau qui lui déconseille d’emprunter cette route ainsi qu’aux conducteurs débutants, entame la périlleuse ascension.
Avant de prendre la route de l’Ile de Skye, nous bifurquons afin de photographier le célèbre Eilean Donan Castle. Il est construit sur les bords du Loch Duich et a servi de décor dans plusieurs films (Highlander, le James Bond "le monde ne suffit pas").
C’est vraiment par pure inadvertance, je le jure, que nous nous sommes retrouvés mêlés à un goupe de touristes espagnols et que nous avons passé le contrôle des billets………sans billets !
Le Château est meublé, et dans certaines pièces comme les cuisines, sont reconstituées de manière très réaliste des scènes de la vie d’antan.
L’ile de Skye, est aujourd’hui réliée au continent par un pont qui a remplacé les ferries.
Arrivée au camping de Portree. Très propre, mais le terrain est en pente. Le Soleil s’invite, ce qui nous permet de finir de sécher nos vêtements et la tente.
Pendant que nous déjeunons, accompagné d’un petit oiseau peu farouche, nous regardons d’un air un peu narquois, un couple qui essaie sans succès de monter sa tente, fraîchement achetée chez Tesco !
Poussés par un élan de solidarité, nous les aidons et en 10 minutes, l’affaire est faite. Le regard encore rond de surprise, ils avouent qu’ils n’y seraient jamais arrivés seuls.
Portree, est une bourgade très animée, et un charmant petit port.
Nous papotons avec 2 motards madrilènes en béhème devant leur B&B.
Le dîner est marqué par les attaques de midges, nous sommes clairement sur leur territoire.
Nous nous réfugions donc dans la tente.
Décidément, le campeur a l’instinct grégaire !! des gens viennent s’installer à moins d’1 mètre de nous ! ça m’énerve !!!!
Allez môman, met tes boules Quiès, t’as eu une dure journée !
DIMANCHE 8 AOUT
Portree / Kyle of Lochalsh
Jour de relâche pour moi, aujourd’hui je prends place à bord du navire amiral. Le commandant de bord maîtrise à merveille toutes les manœuvres, un vrai vélo. Et nous voilà partis pour un tour de la péninsule de Trotternish, partie nord-est de l’Ile de Skye. Nous allons découvrir plusieurs sites pittoresques comme le Old man of Storr, le Kilt rock dont les falaises, comme leur nom l’indique, suggèrent les plis du kilt. Les motards espagnols rencontrés la veille suivent la même route, et d’une blagounette à l’autre, nous sympathisons. Ce qui, après la visite des ruines du château hanté de Duntlum, encore un, se terminera par un chaleureux partage de notre bouteille de vin rouge chilien sur le parking du Skye Museum of Island Life.
Les maisons typiques y sont reproduites, sorte de huttes coiffées d’un toit de chaume.
Matinée vraiment sympa. Chacun reprend sa route.
Pique nique et nous repassons au camping récupérer nos affaires. Il est 14h, et nous décidons de poursuivre notre découverte de l’ile. Des touristes français nous ont indiqué un petit port, Stein : en route. Et c’est dans la péninsule de Waternish chez SkyeSkyns, que j’achète ma peau de mouton épaisse et confortable, d’un beau brun sombre dans une tannerie artisanale. Aussitôt installée sur ma selle. Trop la classe !
Une bonne bière dans le pub de Stein, et nous reprenons la route.
Direction Kyle of Lochalsh pour se poser au camping.
Il est hyper bien tenu, et le propriétaire impose un changement d’emplacement tous les 4 jours pour éviter que les tentes ne lui pourrissent son gazon ! Mais la douche est payante ! 10p les 2 mn !!!
Ce soir, c’est la fête, pas de réchaud, pas de gamelles pas de guerre anti midges, c’est restaurant Indien, on s’est régalé ; cher mais bon.
Le retour au camping se fait poignée dans le coin car la pluie nous a rattrapé.
Il est tard. Mon amoureux m’a piqué ma « pauv’e bête » pour se faire un oreiller !!! Maiiiis c’est pas ta tienne !!!!!!!!!
LUNDI 9 AOUT
Kyle of Lochalsh → Aviemore
« La Nuit du voleur » 2ème épisode !
Dormir sous la tente doit m’inspirer un sentiment d’insécurité que je dois sublimer…mais qui parfois s’exprime de manière brutale.
Il faut dire que la nuit a été quelque peu chahutée, des cris, des cavalcades, bruits de portières qui claquent, lumières de lampe torche qui se promènent autour des tentes…. Alors quand dans un demi-sommeil, j’ai vu cette forme accroupie sous l’auvent, mon sang n’a fait qu’un tour ! Je me suis jetée en hurlant sur l’intrus. « C’est rien, mon bébé, c’est moi, tout va bien les méchants sont partis !!! »
Le premier bruit incongru du matin, c’est les gouttes d’eau qui tombent drues sur la tente.
Petite grasse matinée en espérant que ça s’arrange. On finit par partir, après avoir déplanté et chargé les motos sous une pluie battante.
C’est dommage qu’il pleuve tant car la route est belle, mais pas envie de s’arrêter pour contempler le paysage.
Arrêt vers 14 h dans un hôtel pour un "english breakfast " afin de nous remonter le moral, nous sommes trempés et gelés. En fait les pantalons ne sont pas étanches.
Je fais des navettes entre le bar et les toilettes pour essayer de faire sécher nos affaires. Le sèche-main finit par donner des signes de fatigue. Nous arrivons à Aviemore au moment d’une éclaircie.
Après quelques errances et demi-tours à la recherche d’un camping pour cause de pleine saison, nous plantons la tente dans un Caravan Park à Boat of Garten. Pique nique sur une vraie table, sans midges ! Petit papotage avec des campingcariste du Gers.
La tente est sèche, et l’atmosphère s’est réchauffée. Bonne nuit.
MARDI 10 AOUT
Aviemore → Blairgowrie
Ce matin, temps dégagé !
Une petite balade sur les cimes environnantes nous tente bien. Un funiculaire permet de rejoindre le sommet, mais une fois là-haut, obligation de rester sur la plateforme du restaurant et impossible de redescendre à pied ; soit tu montes à pied (1h ½ de marche) et tu peux redescendre en cabine, soit tu montes en cabine et tu redescends en cabine ! Point barre ! Bon ben à 10£/pers, nous on repart en moto. Et puis de toute façon le sommet est dans les nuages.
Le ciel est menaçant, nous échappons toute la matinée à la pluie, mais elle nous rattrape quand même, à la dernière bouchée du pique-nique ; Bon ben on verra plus tard pour le café.
Dépêchons nous, la Queen nous attend. Mais de la route, point de château ! Balmoral ne se dévoile pas. On fait juste une photo du portail. Et puis il pleut toujours, ça use un peu, beaucoup, enfin surtout moi.
La route est moins jolie, on est pressé d’arriver.
On trouve un camping à Blairgowrie, propre, calme, belle pelouse, table et banc, douche gratuite, enfin un peu de douceur.
Une famille rochelaise s’installe à côté de nous, ils n’ont pas envie de communiquer. « Dis mon amour, à ton avis c’est parce qu’on est des motards ? Ou parce que tu as des têtes de mort sur ton blouson noir ?
MERCREDI 11 AOUT
Blairgowrie → Edimbourg
Ce matin on prend notre temps, car il n’y a qu’une heure de route pour rejoindre Edinburgh. Le camping est immense, à quelques miles du centre ville, mais très bien agencé. Les pelouses sont propres et bien tondues, chaque emplacement est immense. En fait il est situé dans le parc d’une grande propriété. Nous prendrons d’ailleurs un verre au sec dans les anciennes écuries transformées en Pub.
Plusieurs festivals se déroulent en ce moment, le festival d'arts (théatre, musique) ainsi que le "Fringe" (festival off amateur) et le célèbre Tattoo. La ville est pleine comme un œuf, d’une foule bigarrée et cosmopolite. La circulation y est pourtant fluide, car les touristes empruntent les bus à impériale qui sillonnent les quartiers historiques de la ville.
Nous déambulons, d’un spectacle de rue à un autre. Des attroupements se forment autour des jongleurs, acrobates, comédiens et musiciens, et parfois une averse soudaine, ne dissuadant personne, fait pousser les parapluies comme des champignons.
Après des jours passés au milieu des landes, c’est le retour à la civilisation.
Laurent en guide émérite nous fait faire un tour de ville efficace. Mais en fin de journée, je traine un peu la patte.
Il est temps de dîner ! Un pub sympa, un « chili » home made, very very spicy, un bon verre de vin et une Guinness. Top.
En sortant nous nous amusons en regardant les grappes de touristes étiquetés comme des pommes, suivre sagement leur guide muni d’un panneau numéroté, 9,10,11…… ils vont assister à la représentation du Tattoo dans les gradins, dressés dans la cours du château.
Nous, sans étiquette et sans guide, nous écoutons les cornemuses assis sur un banc au pied des hauts murs, le son et pas l’image, mais bon, on n’est presque pas des touristes !.
JEUDI 12 AOÛT
Edinburgh
Ce matin, visite culturelle, le Royal Museum of Scotland nous ouvre ses portes. L'entrée est gratuite comme dans beaucoup de musée d'état au Royaume Uni.
De la préhistoire à nos jours, de la brebis cloonée "Dolly" à Jacky Stewart, des tartans aux whiskies, et de Marie Stuart à la Queen Victoria, toute l’histoire de l’Ecosse se raconte sur 7 niveaux, pour finir sur un toit terrasse qui offre une vue panoramique sur la ville et ses monuments.
Grave erreur de casting pour le fish & chips , on se demande comment notre petit corps va réagir à cette agression. Direction le port, afin d’admirer l’ex yacht de la Reine, Le Britannia . Un gros orage plus tard, nous grimpons au sommet d’un parking aérien qui surplombe le quai, avec vue imprenable sur le bateau. Et voilà comment on économise 20£ ! et en cherchant on trouvera bien des photos des salons dans un vieux « Point de Vues et Images du Monde » .
Ce soir, la circulation est dense, heureusement mon chauffeur maitrise à fond le slalom géant. Et retour au camping après 3 petites courses pour diner.
Et ce sera sous la tente ! J’inaugure la cuisine sous l’auvent, le fumet du Tikka Massala rivalise avec celui des chaussures de Laurent...
La pluie se calme, et nous prenons le café dehors. Deux motards sont arrivés, un grand venant du Portugal en GS et un petit, l’oncle en 1150 RT. Papotage, normal, « et tu viens d’où, et toi ? »Pendant que Laurent discute utile avec le grand, moi je discute futile avec le petit…… parce que les petits ça a les mêmes problèmes ! De hauteurs de papattes, de manipulation à l’arrêt de la bête etc.…. ben moi ça m’a fait du bien de voir que je n’étais pas la seule. Il m’a même donné une astuce pour des bottes de moto avec des semelles épaisses, les « Lady » de chez Touratech. Allez, bon voyage, Take care !
Alors là, mention spéciale pour le bloc sanitaire ; Jamais vu ça ! salle de bain privative, avec douche, WC et lavabo dans un local chauffé…., séchoir à cheveux et à mains à disposition. A la hauteur du tarif, certes, 24£ /nuit, le double des autres.
Du coup, c’est super pomponnage du soir, « m’attends pas mon amour »rentre à la tente !
Douce nuit.
si vous souhaitez participer à ce voyage moto en Ecosse, celui-ci est désormais proposé par l'agence Ride in Tours. Rendez vous sur la page du voyage en Ecosse & Highlands pour plus d'information.
VENDREDI 13 AOÛT
Edinburgh → London
RAS pour cette journée d’autoroute ininterrompue. 670 Kms et beaucoup d’eau.
Ce soir, nous sommes accueillis par Ian et sa famille car Pat est absent. Ils habitent Pinner , dans la banlieue nord ouest de Londres.
J’ai un peu de mal à les comprendre et je suis super fatiguée ; du coup je me venge sur les grands verres de vin rouge qui se vengent en m’assommant à moitié.
Enfin, nous nous glissons dans nos duvets, posés sur un grand lit dans la chambre des enfants. Je m’endors à l’instant même ou ma tête touche l’oreiller. Dernière nuit UK.
SAMEDI 14 AOÛT
London → La Ville aux Dames
Le ferry réservé sur internet à Edinburgh est a 11h30 à Dover.
Nous comptons large, car le périphérique londonien peut nous retarder. Départ 7h45, Arrivée Dover 10h
Les motos embarquent en premier. L’arrimage est moins aisé qu’à l’aller, en plus ils me font faire demi-tour dans la soute sur un sol glissant, la poisse !
Le bateau est bondé et bruyant. Nous déjeunons rapidement et on s’installe sur une banquette. Un groupe d’italiens très bavards nous entoure, mais il en faudra plus pour troubler notre sommeil.
On se réveille juste à l’arrivée à Calais.
Récupération des motos, rouler à droite, surtout rouler à droite !! Après une petite erreur « d’aiguillage» qui rajoutera une cinquantaine de km à notre parcours, les Kms défilent. C’est la fin des vacances.
Calais 15h30, La ville aux Dames 20h45. Et devinez quoi ? Il fait le même temps en France !
en voici un résumé en images...