Les 200 kms qui nous séparent d'Uyuni, sont parait-il, asphaltés. J'en doute un peu, car un motard brésilien croisé dans une station service à Oruro, nous avait dit qu'il en avait un peu bavé, à cause de la boue...
Il y 180 kms fabuleux, un vrai billard, et nous sommes seuls au monde à profiter des paysages.
Mine d'argent de Pulacayo.
Ah tiens, il en manque un bout, heureusement que la boue a séchée...
Allez on se détend, revoilà du bitume.
La région est plutôt sèche, et désertique, il n'a pas eu de bol le brésilien !
On a la chance de passer au moment de la floraison de ces cactus géants.
Je mitraille sec, on voudrait pouvoir garder une trace de chaque instant.
Encore un bout manquant...
Les montagnes riches en minerais, sont de véritables chefs d'oeuvres, les strates de couleurs différentes apparaissent sous l'effet de l'érosion.
Un silence d' une grande pureté nous entoure dès que Laurent coupe le moteur.
Et pour ne pas s'habituer au confort, de nouveau des tronçons en construction, mou, très, très mou ! J'aime pô quand c'est mou... Et ça c'est rien à côté de ce qui nous attend dans le Sud Lipez.
Dans la descente sur Uyuni, un cycliste monte, il faut du souffle, on est à 3700 m. Nelson est portuguais, un peu baba cool, un vieux bicloune, il traverse l'Amérique du Sud à l'arrache ! On discute un moment, on partage nos gâteaux, et chacun reprend sa route.
Au loin on aperçois la ville d'Uyuni. En plein milieu de nulle part.
Les sacs plastiques poussent sur les arbustes poussièreux...inévitables détritus qui annoncent chaque ville.
Uyuni a un petit côté bolchevique avec ses statues à la gloire des travailleurs, et des soldats.
C'est surtout le point de départ de centaines de 4X4 qui embarquent 6 personnes + les bagages pour 1,2,3,4 jours, pour le Salar, le plus grand désert salé du monde,...que des superlatifs, et le Sud Lipez, ses lagunas, ses geysers, ses déserts minéraux.
On trouve facilement un hôtel, on arrive même à négocier le prix pour 2 nuits.
et on file droit au cimetière de train à la sortie de la ville.
Uyuni est le plus grand carrefour ferroviaire du pays. De l'époque des transfert de minerais par les trains vapeur , il reste les épaves pillées des vieilles locomotives. Une plongée dans le passé.
et un retour en enfance,
Même la béhème veut être sur la photo.
Le lendemain matin, après 25 kms de piste en tôle ondulée, on arrive à l'entrée du Salar. Il est sous l'eau. On le savait.
Surprise, nous rencontrons à nouveau Mikael, le fils de mon copain , et ses amis, qui partent le lendemain matin pour un tour de 3 jours dans le Sud Lipez...en 4X4.
Il ne tombe que 2 cm d' eau par an pendant l'été austral entre décembre et mars...C'est balot !
La superficie de ce désert salé est de 12 500 km2. A l'origine c'était un lac préhistorique géant, qui en s'assèchant à laissé derrière lui le Salar d'Uyuni. La production annuelle de sel est de 25 000 tonnes sur les 64 milliards de tonnes estimées...Y a du boulot pour des siècles.
De plus il renferme en son sol, la plus grande réserve de lithium du monde, estimée à 140 millions de tonnes... de quoi attirer les convoitises...
Il n'y a jamais plus de 10 à 15 cm d'eau sur le salar, et parfois moins à certains endroits.
C'est comme un immense miroir où les montagnes semblent flotter.
On s'essaie aux photos rigolotes, un peu ratées !
Une idée tenace trotte dans la tête de mon homme...Rouler sur le salar avec sa moto !
Voir l'hôtel construit avec des briques de sel,
qui pour des raisons écologiques a été transformé en musée,
et les drapeaux de tous pays qui flottent dans l'azur.
Quand je dis tenace, c'est que rien ne pourra l'en dissuader. Soit ! Un bisous sur la bouche avant de partir, "ben moi je vais t'attendre au sec".
et GAZZZZ
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Et au retour, ça donne ça, une moto dans une gangue de sel, prête à cuire comme une côte de boeuf !
Allez une dernière photo avant de quitter le salar.
Vite, au lavage...Mais 1 km plus loin, " dis donc je trouve qu'elle fait un bruit bizarre"...beuuuuuu... puis silence.
Tentatives pour redémarrer, elle s'asphyxie et cale. Y a plus qu'à pousser jusqu'à Colchani, à 2kms.
Aucun des trente 4X4 , qui nous ont doublé, de retour du salar, ne s'est arrêté.
Arrivés au village, on se jette en travers de la route devant un pick up. Il accepte qu'on la monte à l'arrière, mais ça dépasse de trop et le chauffeur ne veut pas prendre le risque de faire les 25 kms de pistes jusqu'à Uyuni...on la redescend; Ca fait les muscles.
Toilette de chat dans une bassine d'eau sale, pour patienter.
Finalement, on laisse la moto en garde aux policiers du poste de contrôle, quand une bonne âme accepte de nous prendre à bord.
Il faut rentrer à Uyuni, trouver une camionnette, et des bras costauds, revenir chercher la moto, la ramener en ville, la laver, croiser les doigts pour qu'elle démarre...Avant la nuit.
Tout c'est réalisé !!! La camionnette et les 6 gros bras brésiliens, rencontrés dans la rue. C'est l'fun, on croque la poussière de la piste pendant 1 heure, cramponnés aux arceaux, ballotés comme des bouchons, à l'aller...
et pareil au retour, avec la moto muette.
La nuit tombe sur le salar.
On la descend à la station de lavage d'Uyuni, et on rentre à pied, épuisés.
En revanche, le coup des doigts, ça n'a pas marché. Tic Tic Tic fait le démarreur...
Demain, est un autre jour...Mais c'est surtout un dimanche, et il faut trouver une concession BMW en plein désert.
Au matin, après avoir testé plusieurs trucs sans succès, on traverse la ville en poussant la bête blessée. Notre dernier espoir avant d'envisager son transport jusqu'à Santa Cruz chez BMW.
Tout le monde se penche sur elle. Et ce n'est qu'en fin d'après-midi qu'après avoir démonté toute la ligne de pot d'échappement, remplis une bouteille de sel, fait 2 gros trous dans le catalyseur, qu'enfin elle accepte de démarrer...
Pas de chance, maintenant c'est moi qui ai besoin de soins, je me suis brulé les yeux en passant cette fameuse journée sur le Salar sans lunettes de soleil. Une ophtalmie carabinée, douleurs, larmoiements, sensation de sable dans les yeux, vision brouillée...Et gros stress.
Je me dégotte un flacon de gouttes, à la petite pharmacie du coin, et on attaque la partie la plus belle, mais la plus dure de Bolivie, le Sud Lipez.
Trois jours de pistes, sable, cailloux,
toujours dans les 4000 m d'altitude,
et pas d'essence, mais dans des paysages d'une exceptionnelle beauté.
Mini tornade de sable.
Premier campement sommaire pour dormir, boire et manger.
Les vêtements sèchent à côté des lambeaux de viandes.
La rue principale, en déconstruction...
Les habitants vivent à la dure...Toute leur vie.
La végétation est rare,
Nous faisons la connaissance d'un couple allemand, travaillant pour l'ambassade d'Allemagne à La Paz. Ils ont un 4X4 avec chauffeur pour eux seuls .
Après 3 nuits difficiles à tenter de m'arracher les yeux, Hilde et Peter me propose de partager la confortable banquette. MERCI !
Laurent peut s'en donner à coeur joie, seul, pour sillonner les pistes.
Mais le sable c'est traître, on croit que c'est dur...en fait non !
Deuxième campement près de la Laguna Colorada, et ses flaments roses. Ses eaux changent de couleurs en fonction des heures de la journée et du vent qui fait remonter à la surface des micro organismes qui la teintent de rouge.
Deuxième nuit dans un campement encore plus paumé.
Nuit réparatrice ;
Avant de repartir pour la dernière journée.
Sans GPS, il est parfois difficile de savoir qu'elle est la piste à suivre. Heureusement, il y de nombreux 4X4 qui connaissent par coeur les différents itinéraires. Nous avons dû parfois patienter, pour aperçevoir au loin la poussière qu'il soulève, avant de poursuivre notre route.
Les Geysers de Sol et Manana ,
Et au milieu de cet enfer minéral sublime, un jeune couple stéphanois, Carine et Julien, décontractés en bicyclette.
Lagunes et flamants roses,
les montagnes de Dali,
le volcan Licancabur et ses 5960 m.
Dernière laguna,
derniers flamants roses
derniers volcans,
derniers kms de pistes, Laurent nous a même fait faire une figure de style, genre Randy Mamola, pour ceux qui connaissent... "Trop fort, mon amour, j'ai même pas eu le temps d'avoir peur" !
avant de quitter la Bolivie.
Le poste frontière, reconnaissable grâce à sa barrière...baissée !
Un no man's land de quelques mètres, entre Bolivie et Chili.
Pour le plaisir, dernières images de cette région du Sud Lipez...
On en a bavé, la moto en a perdu sa bavette, mais c'était beau !!! Et comme dit mon Lolo, le faire en 4X4, c'est pas pareil !
On a eu des nouvelles des deux australiens en BMW GSA, Wayde et Philip, rencontrés à Cuzco...Ils ont cassé leurs amortisseurs, sur ces pistes et ont du faire demi tour...
Nous on doit avoir un petit ange qui voyage avec nous !