De retour en Argentine, nous passons la nuit à Los Antiguos. Plus nous descendons, plus nous rencontrons ce genre de mur ou panneau commémoratif.
La guerre des Malouines en 1982, a laissé un mauvais goût dans la bouche des argentins, semble t' il. Sujet de vindicte populaire récurrent envers ses foutus anglais qui sous Thatcher n'avaient pas apprécié de voir les terres de Sa Majesté, si éloignées soient-elles, envahies par les anciens occupants !
Une bonne nuit de sommeil au camping, avant d'attaquer la partie de la Ruta 40 rendue difficile par l'état de la piste. Comme disent nos copains motards, enfin certains, et même certaines...
" C'est que du bonheur " !!!
Pour moi, le bonheur, c'est quand ça s'arrête et que je descends du marteau piqueur ! Désolée, je ne m'y fais pas !
Les paysages sont extraordinaires, la couleur des roches,
les nuages peints sur une toile bleue,
La nouvelle route en construction que l'on peut emprunter par intermittance.
Les Nandous de Darwin, sorte d'autruche spécifique de la Patagonie, qui mesure environ 1m50 et peut courrir jusqu'à 60 km/h , elles ont une peur bleue du bruit du moteur.
et puis pour ce guanaco, rien ne sert de courrir...Il aurait fallu sauter plus haut...
Quand on voit le panneau bleu, on sait que c'est reparti pour un tour sur la Route à 40...km/h
Quelques 200 bornes plus loin, on arrive à Bajo Caracoles assez tôt dans l'après midi, on décide de dormir là, vu qu'après, pendant les prochains 450 kms il n'y a rien, que de la pampa à perte de vue.
Les pompes sont à sec.
En Patagonie argentine, il y a souvent des ruptures dans l'approvisionnement en carburant. Mieux vaut être prévoyant et voyager avec un bidon et surtout remplir le réservoir dès qu'on trouve de l'essence.
Mais qui a collé un sticker "Road Trip Magazine" ????
On prend un café avec un couple d'autrichiens voyageant chacun en 800GS,
Ils arrivaient d'Ushuaia, et en avaient un peu bavé...la piste, le vent...Bon ben je suis prévenue ! En tous cas respect, ma belle !
Deux frères de Vancouver en KLR s'arrêtent un moment, l'un des deux a un joint spi de fourche, mort, pas terrible pour rouler. Ils repartent en direction de El Chalten, comme nous... demain.
On se prend une chambre à l'hostal,
car l'emplacement pour camper, est un peu spartiate. Ca sert finalement de station de lavage à Laurent qui tue le temps comme il peut.
Car on fait le tour du bourg en deux minutes.
Incroyable coucher de soleil sur la pampa.
Et au matin nous repartons sous un soleil radieux.
80 premiers kms asphaltés," Yeeeeeesssssss"
Juste avant d'attaquer la piste, on fait le plein du réservoir avec le bidon, "ah ben on en a versé à côté ?... Oh, mais ça c'est pas de l'essence, c'est de l'huile ! et de l'huile qui vient de...de...de l'amortisseur..." Et moi qui hier encore, disais qu'on avait vraiment du bol de n'avoir aucun problème mécanique !
En clair, il n'y a plus de suspension hydraulique, il faut durcir le ressort pour essayer de compenser...
Mais là dessus, c'est marteau piqueur puissance maxi !
La chance, c'est que les deux couples d'allemands rencontrés au glacier Queulat sur la Carretera Austral, (Chili) nous doublent et s'arrêtent quelques kms plus loin.
La mort dans l'âme, j'accepte de monter en 4X4 avec tous nos bagages... Yeeeeeesssss !
Oui je sais, c'est moche... c'est de la désertion, mais la moto était soulagée d'un poids conséquent et Laurent heureux de ne plus m'entendre brailler derrière...
Au final, il a pu rouler aussi vite que les gros 4X4 qui survolaient littéralement la piste. A certains endroits, sable et cailloux étaient épais d' une bonne quinzaine de cms.
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Pendant ce temps j'ai fait banquette en papotant avec Rainer et Regina.
Tres Lagos, dont la station service n'a pas été ravitaillée. Laurent qui s'est arrêté au village a trouvé de l'essence chez un particulier, qui lui a vendu 3 fois le prix... le 4X4 de Jürgen est presque à sec et il reste 130 kms jusqu'à El Chalten... à force de palabres, il convainc le pompiste de lui vendre une partie de son stock de secours personnel...il partage le bidon avec un motard chilien qui lui remonte vers Bajo Caracoles; Les autres véhicules sont bons pour attendre une hypothétique livraison...Aujourd'hui peut être...ou bien demain !
Nous reprenons la route pour El Chalten, 130 kms de pur billard. Au loin, le Fitz Roy, comme une récompense. Tout le monde descend pour la photo !
Heu...reux !!! 460 kms dans la journée.
Cette portion de la Ruta 40 relègue presque le Sud Lipez en Bolivie au rang de balade du dimanche...c'est dire !
On a eu des nouvelles des deux gars de Vancouver en KLR rencontrés à Bajo Caracoles, l'un des deux est tombé sur ce tronçon et va passer quelques semaines à l'hôpital de Gobernador Gregores...
El Chalten s"est vraiment développé à partir de 1985 avec la mode grandissante du trek.
Idéalement située au pied du Fitz Roy qui la domine de ses 3405m. C'est un gros monolithe granitique, vaincu pour la 1ère fois par le français, Lionnel Terray et un italien, en 1952.
L'escalade de cette montagne est réputée l'une des plus difficile au monde, notamment dû aux conditions climatiques extrêmes. C'est également le camp de base pour les départs des sentiers de randos plus ou moins longs et difficiles.
Pour le premier jour on fait soft, 2h de marche jusqu'au mirador pour embrasser la vallée.
et la ville au pied du majestueux Fitz Roy.
Nous goûtons au joie du dormitorio, partage de chaussettes sales et de ronflements avec des espagnols très sympas.
L'hostal est en phase d'agrandissement, du coup le jeune patron occupé à bosser sur le 2ème étage, délaisse le RDC qui se transforme vite en capharnaüm.
6h du mat j'ai des frissons !
On s'éclipse en laissant ronfler nos colocs.
Programme du jour Nous aussi on va trekker ! Jusqu' à la Laguna Dos Tres. 8h30 de marche.
Ca monte sec pendant 1h, ensuite 2 h de lacets et on termine en petite foulée en escaladant une moraine pendant 1h30.
Mais ça c'est du bonheur !
Au loin, la rivière qui mène au Lago del Desierto
celles qu'on traverse,
ou qu'on enjambe,
des traces de rain forest ou des cheveux d'anges ?
et la moraine.
4h30 pour monter au lago, au pied du glacier, pas si mal !
Il est midi , le ciel est bas, les nuages paressent, et peinent à s'élever au dessus des pitons rocheux ...
" Allez encore un p'tit effort, por favor, " Bon on n'aura pas mieux !
Il fait froid, il faut redescendre,
la moraine,
Ah oui !!! quand même on a fait du chemin depuis le glacier,
Enfin le village au loin.
Même route pour repartir en direction d'El Calafate, le soleil matinal illumine le Fitz Roy.
et la Lac Viedma.
Au loin, le massif de Los Glaciares,
et jusqu'à El Calafate on en prend plein les yeux.
Le "Champ de glace Sud" de Patagonie, est la troisième calotte glacière après l'Antarctique et le Groenland, située dans la Cordillère des Andes à cheval sur Chili et Argentine. Il alimente 48 glaciers dont le plus célèbre, le Perito Moreno.
Le perito Moreno, un front de 5 000 m, hauteur moyenne de 170m dont 74 immergés, à certains endroit l'épaisseur atteint 700m . Il avance d'environ 2 mètres par jour...700m/an.
Mais il ne couvre que 250km2 sur les 16 800km2 du "Champ de glace Sud".
Un système de passerelles (moches mais efficaces à protèger le milieu ambiant) permet d'avoir plusieurs points de vue sur ce monstre, qui craque, explose, respire...on le sent vivre.
Complètement fascinés par le pectacle de sons et lumières , nous sommes restés la journée entière à le contempler sous toutes les coutures en guettant la moindre déflagration qui précède la chute d'un pan de glace.
Malgré les touristes qui se massent pour l'admirer.
On en mangerait bien un morceau de cette grosse meringue !
Cette partie qui rejoint la terre, sous la poussée, fini par s'effondrer une fois tous les 4/5 ans environ dans un fracas d'enfer;
Féerie inoubliable que nous n'avons pu voir que sur YouTube
De gros glaçons détachés du glacier fondent lentement au fil de l'eau, certains sont comme éclairés de l'intérieur. Cette lueur bleue est le résultat (très complexe) de compacité de la glace et de diffusion optique.
Le soir on se réchauffe dans le restaurant du camping qui prépare une super parilla. Différentes viandes grillées servies à volonté.
"Qu'est que tu photographies ? "
" Rien !"
Je me rend compte que sur de nombreuses photos, il n'y a rien...
Je photographie le " rien"
"Rien" végétal, minéral ...
"Rien" à perte de vue, aucune ville, pas de maison,
"rien" au bout de la route,
Mais pour nous européens, ce "rien" est tellement fascinant.
Nulle part en France, ou dans les pays européens visités, nous n'avons vu ce "rien", que nous ne sommes pas lassés de parcourir.
"Ah le "rien" se termine, voici la frontière argentine.
Le Parc National "Torres del Paine" est au Chili.
Les joies du voyage, rencontrer des gens formidables avec qui on aimerait passer un peu plus de temps, car ils ont des vies passionnantes. Nous croisons une petite famille de cyclistes suisses à Cerro Castillo. Sylvia et Nicolas initient leurs enfants Laura et Joey aux frissons de l'aventure. Avant d'avoir les enfants ils avaient déjà descendu la rivière du Klondike, au Yukon, 800 kms en canoe...en autonomie totale, entre autre ! Amoureux du monde et de ses lumières, ils ont un site génial. Ils ont commencé à Ushuaia et remontent. Sans aucun doute que vous irez très loin...Bonne route !
Bon il faut rejoindre le camping du Parc avant la nuit. Un peu de poussière,
un peu de tole ondulée,
du "rien"
une lagune argentée
Au matin, après une belle nuit étoilée à 0° sous la tente, Laurent part, en solitaire, (je fais secession en restant au chaud dans mon duvet), sur les sentiers des 'Torres del Paine" pour un trek de 8h.
Lumières matinales.
Rencontre furtive avec un gaucho,
Un panneau en bois tout neuf rappelle qu'il est interdit de brûler son PQ !!!
En janvier, Un jeune israelien , aurait mis le feu à son papier hygiénique. Attisé par les vents violents de Patagonie, le feu s'est immédiatement propagé et 14 500 hectares de végétation sont déjà partis en fumée !!! Catastrophe écologique et économique majeure pour cette région très touristique du Chili.
Pas de chance, les "Torres" sont aussi restées dans les nuages.
En revanche le lendemain, passé "le petit pont de bois, qui ne tenait plus guère que par un grand mystère et deux piquets tout droit"...
qu'il a fallu en construire un nouveau !
On ne peut les quitter des yeux...et de l'objectif.
Voilées,
habillées de turquoise
de saphir,
ou de Rouge et Noir.
Sur la route de Punta Arenas, gaucho, branché,
paysages de fjords,
La Difunta Corea qui peut enfin étancher sa soif !
Vent qui courbe les panneaux,
Le seul palmier patagon, tous les autres sont partis dans les Caraïbes !
Et moi, vous me reconnaissez ? c'est Flaurent !
" Le gilet jaune fluo qu'on va être obligé de porter en France...Vous savez où vous pouvez vous le mettre ??? " "Moi j'voul' dis, vous n'aurez pas ma liberté de rouler !"
Nous atteignons Punta Arenas. Maisons bourgeoises à l'architecture d'inspiration française,
maisons en tôle colorée et taguée, dans le style Valparaiso
Façade Néoclassique de l'hôtel Plaza, redécorée,
Batiment municipal austère bombardé de pots de peintures lors d'une manif...
Les chiliens aiment la couleur;
Flaneries emmitoufflées en bord de mer.
On sait d'où vient le vent.
Et visite d'un musée de la vie patagone.
Dernière ville du continent avant de traverser le détroit de Magellan en ferry pour rejoindre la Terre de Feu et Ushuaia...Fin del Mundo !