Un ferry, bondé de voitures et de voyageurs, un dimanche matin, rien d'extraordinaire... mais dans le Détroit de Magellan ! Ca claque !!!
Dans deux heures et demie nous serons en Terre de Feu, île principale de tout un archipel
Appelée ainsi par les premiers explorateurs, qui de leurs bâteaux, aperçevaient les feux allumés par les amérindiens, occupants des îles depuis 12 000 ans.
Ces malheureux indigènes qui vivaient pratiquement nus ou vétus de peaux de lions de mer, ont été capturés, montrés comme des bêtes de foire, car considérés comme des animaux et bien évidemment massacrés.
Fernand de Magellan fût le premier européen à découvrir en novembre 1520, ce passage naturel entre l'Atlantique et le Pacifique.
Arrivée à Porvenir,
et premiers kms en Terre de Feu.
150 kms de piste jusqu'à San Sebastian et la frontière argentine.
Arbol bandera, arbre drapeau ! Ca souffle fort ici.
Petite colonie de Pingouins Rois, à Bahia Inutil...
En pleine période nidification, il n'était pas permis de les approcher. Ils ressemblent aux Empereurs, et mesurent environ 96 cms.
Ah tiens, où est passée la moto ? Me serais je fais virée ?
Crevée ! la moto... elle est crevée.
Après des milliers de kms de pistes, on crève, pour la 1ère fois, sur les derniers kms de ripio à 20mn de l'asphalte. C'est balot !
Il faut laisser la moto sur place, car on n'a pas la bonne clé pour démonter la roue arrière. Une chance il y a une estancia toute proche. Les propriètaires sont absents, il n'y a qu'un gaucho et ses 9 chiens...Ils gardent les moutons, ils vont bien garder nos chevaux !
Première fois que je fais du stop ! Tout arrive !
Après 3 voitures qui accèlèrent au lieu de s'arrêter, je me jette littéralement devant la 4ème, qui accepte bien gentiment de nous emmener jusqu'au poste frontière de San Sebastian à 20 kms de là. Laurent repart en stop à la moto, avec une clé tors, mais pas la bonne...
J'attends patiemment au bar qu'il revienne,
en scrutant l'horizon à travers les vitres poussièreuses.
Pas la bonne clé, le seul hôtel est complet, rien à manger, la tente est sur la moto...Tout va bien. On décide d'aller à Rio Grande, à 80 kms, c'est plus grand, et nous sommes en contact avec Ivan d'Horizon Unlimited. Il pourra peut être nous donner un coup de main, ou de clé !
La chance est avec nous, une famille qui rentre de vacances accepte de nous emmener jusqu'à Rio Grande.
Les formalités de sortie du Chili et d'entrée en Argentine se font très rapidement. Le paysage défile, une des richesse de l'Ile, les gisements de gaz naturel.
Le lendemain, munis de la bonne clé, Laurent et Ivan font 4 aller/retour San Sebastian/Rio Grande, soit en tout, 400 kms, 4 entrées/sorties Chili/Argentine, 8 coups de tampon, pour démonter, faire réparer, remonter la roue... et revenir.
Merciiiiiiiiiiiiii Ivan.
Pendant ce temps là, j'observe depuis ma fenêtre, les motos de locations qui offrent 15 jours de "Que du bonheur" à prix d'or.
Gaucho, selon une définition que j'ai trouvé, c'est un homme simple et rude, farouche et brave, honnête et brutal...et solitaire.
Ah oui... je ne le voyais pas tout à fait comme ça l'homme ténébreux de la pampa !
Nous invitons Ivan, Virginia et leurs enfants au restaurant, et on s'est bien marré.
Yanniiiiiick, nous aussi, nous avons croisé, Michel et Bernadette les périgourdins de Bergerac, à bord de leur "Cagouille". Ils ont des milliers d'histoires à raconter de leurs voyages à travers tous les continents.
J'ai visité leur "coquille", et je caresse le secret espoir de convertir, un jour, Laurent à cette petite merveille...Il me dit " Dans tes rêves" !
Les Malouines, toujours mises en scène, et plus on approche d'Ushuaia, plus on sent que le sujet est chaud bouillant.
Ushuaia, c'est pour aujourd'hui. Assez perdu de temps. On piaffe d'impatience. Le ciel est bleu, la route est belle.
Au loin le Col Garibaldi, la liaison terrestre pour Ushuaia ne date que de 1956.
L'ancienne route.
Les premières neiges sont tombées la semaine dernière.
Plus que 51 kms avant Ushuaia et la fin de la Ruta 3, à Lapataia...Fin del Mundo;
USHUAIAAAAAAAAAAAA !!!!! en langue Yamanas, ses premiers occupants, celà signifie, "Baie qui pénètre vers le couchant".
Il y déjà bien longtemps, comme pour beaucoup, Ushuaia, c'était surtout l'émission de Nicolas Hulot, qui ouvrait une fenêtre sur le monde. On en rêvait, on y est.
Et pour nous qui arrivons par la route, du Cercle polaire en Alaska, ce moment est particulièrement fort.
C'est la ville la plus australe du monde selon la définition de l'ONU. (Ville = + de 20 000 hab) Elle fut fondée en 1884 sur les bords de cette magnifique baie.
et se développa autour du bagne construit pour criminels récidivistes.
Aujourd'hui la prison est un musée super intéressant qui retrace tous les grands moments de la découverte de cette partie du monde.
Les missions antarctiques, et leurs costumes à faire peur aux pingouins,
une partie de la prison est encore "dans son jus"
avec son dernier bagnard...
Reconstitution du "Phare du Bout du Monde", qui inspira un roman de Jules Verne.
On termine la visite sur une note plus gaie et colorée avec une expo de peinture. Tous les symboles de l'Argentine.
Philippe et Fabrice nos savoyards préférés en caravane nous ont attendu avant de reprendre la route.
La caravane a bien souffert des pistes chiliennes et argentines. Soudures multiples, porte qui ne ferme plus hermétiquement, mais elle tient le choc, malgré les déformations.
En tout cas à l'intérieur, elle est toujours aussi accueillante.
On s'est fait un remake de notre première soirée de rencontre à Tikal (Guatemala).
Partis du Canada qu'ils ont traversé jusqu'en Alaska, ils ensuite tiré plein sud. Nous les avions rencontrés une première fois au Guatemala, puis à Cartagena en Colombie, à Cuzco au Pérou, puis à Puno pour le Jour de l'An.
Les retrouver à Ushuaia a été un grand moment de bonheur, et de bonne humeur.
Bonne route les garçons, on espère vous revoir à Buenos Aires avant votre retour en France.
Nous bullons sur le port,
Entre un bateau échoué,
les containers multicolores
et un fameux trois mats,
il y a des bateaux de guerre enguirlandés,
prêts pour célébrer le trentième anniversaire de la défaite de la guerre des Malouines , le 2 avril !!! Sujet d'actualité brulant entre l'Angleterre et l'Argentine. Entre provocation et amour-propre chatouilleux, ça pourrait bien repéter un jour entre ces deux là....
La tension est montée d'un cran très récemment après le refus des autorités portuaires argentines de permettre à deux bateaux de croisières anglais de ravitailler à Usuhaia.
Heureusement la fin du monde se décline aussi de façon beaucoup plus légère...
et ici, les marins d'eau douce ont l'air plutôt sympa.
Et ce n'est pas lui qui dira le contraire.
Rencontre avec Oliver, un jeune allemand, qui revient de 10 jours en antarctique...gratis.
Système D, il s'est fait embaucher comme main d'oeuvre de nettoyage sur un bâteau !!! Oliver est un sacré voyageur, parti d'Allemagne en 2008, il a parcouru L'Europe, l'Asie, l'Australie, et depuis quelques semaines en Amérique du Sud avec un pétarou... un 70 cc de chez Honda.
Respect et buen viaje !!!
Je craque toujours autant sur les maisons de tôle ondulée. je fini par croire que la tôle a des propriètés isolantes que nous ignorons chez nous. Je crois que je vais exporter le concept à La Villo...
La moto se prend pour une star, et sera peut être en fond d'écran sur un ordi nippon.
je suis vexée, ils ne nous ont pas pris en photo !
On a vraiment fait le tour de TOUS les panneaux.
Il faut entrer dans le Parc National pour ceux là.
La fin de la Ruta 3, kilomètre 3079, prochain objectif, trouver le "km 0" à Buenos Aires.
Bahia Lapataia.
On en profite pour randonner dans le parc.
Les lichens et les champignons colonisent les arbres,
les castors, espèce importée, sont sous haute surveillance,
les sous bois ressemblent aux sous bois,
fjords et rivières, ont la couleur de ceux que l'on a déjà vus...
La seule différence, c'est qu'on est en Terre de feu, à Ushuaia, "fin del mundo"...
Les larmes me montent aux yeux. Je me répète ça tout haut pour être sûre de ne pas rêver...Je prends brutalement conscience de cette réalité.
Nous ne sommes pas dans n'importe quel endroit. C'est également un peu la fin du voyage. Même s'il reste encore pas mal de chemin avant l'avion du retour, tous les kilomètres que nous ferons désormais nous rapprocheront de la France, de nos enfants de nos familles et amis.
Ne pas céder à la mélancolie.
On rencontre un couple de tourtereaux brésiliens adorables, voyageant en 1200 Bandit, et qui a le bon goût d'être casqué "Valentino Rossi".
Mais le moment fort de cette journée, c'est d'avoir croisé cette famille de Caracara. Espèce considérée en voie d'extinction.
Madame, monsieur et leur bambin braillard et tyrannique.
"Comment ça tyrannique ? comment elle me parle !"
"Braillard, peut être",
mais je peux être sage comme une image aussi "
"Hein M'an qu'c'est vrai ?"
"Ben oui toi aussi t'es sage, mais t'es moins exotique".
Pendant 1 heure nous avons été très très proches.
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Ciel plombé, ambiance "fin du monde"...
Une jolie rando jusqu'au glacier El Martial en compagnie d'un couple de motards australiens.
Sac à dos plein d'entrain !
Depuis qu'on a vu le Perito Moreno, on est blasé, celui-ci ressemble à un minuscule glaçon. Mais la vue sur Ushuaia est grandiose.
"Tiens tiens, des bottes à talons pour escalader une moraine... je m'demande si on l'a pas déjà croisée au Machu Pichu , celle là" !
Angela et Grant ont normalement chacun leur moto...mais Angela après avoir chuté deux fois, s'est cassé la clavicule et ne peut pas conduire pendant plusieurs semaines...Good luck .
Nous passons notre dernière soirée à Ushuaia avec des motards...et pas n'importe qui !
Nous les attendions, ils sont arrivés tard, mais ils sont là.
Nick et Ivanka, en 1150 GS, les brit's croisés en Alaska sur la Dalton highway, puis à Leon au Nicaragua.
Glenn et son KLR croisé à Palenque au Mexique, puis également à Leon.
Et Adrian, sans Tim, rencontré à Granada au Nicaragua, puis à Cartagena en Colombie.
Autant dire que la soirée a été animée, et gourmande, tous atablés devant une parilla pantagruèlique.
L'occasion d'évoquer avec émotion ceux que nous ne reverrons pas.
Les Jess's, nos compagnons de route au Costa Rica, en Colombie, Equateur et que nous avons vu pour la dernière fois à Cuzco au Pérou pour Noêl. Ils étaient à Ushuaia bien avant nous, car ils ont zappé la Bolivie. Ils devaient reprendre l'avion à Buenos Aires le 21 février.
Delphine et Cédric, le couple de cyclistes belges. Delphine était tombée, en se fracturant l'épaule en Colombie. Ils ont malgré tout continué le voyage en bus après avoir envoyé leur vélo au Pérou, où ils sont actuellement quelque part du côté du canyon del Pato...à nouveau en vélo.
Nous avons eu des nouvelles de Joel, le new zélandais rencontré lors de notre aventure dans les montagnes du Chiapas au Mexique, puis au Bélize et au Guatemala. Il est arrivé en Bolivie, chez son frère...avant de reprendre la route ?
Demain nous quittons Ushuaia. Le temps se couvre, de gros nuages obscurcissent le ciel...et mon coeur.