Nous continuons notre route au Chili.
Logés à l' hôtel IBIS de Santiago nous en profitons pour découvrir la capitale. Il y a en fait plus de 35 communes, et 7 millions de d'habitants qui vivent dans cette agglomération considérée comme LA ville la plus agréable à vivre d'Amérique Latine.
Elle est située à peu près à mi-chemin des 4300 Kms de long du pays.
Plus de 100 kms de ligne de métro.
D'un aller-retour en funiculaire,
on embrasse toute la ville.
Et tu m'étonnes qu'il fait bon vivre !
Plaza de Armas,
L'Indien de pierre en a perdu la tête,
Il y a même une statue moaï qui a quitté son île de Pâques !
pour venir s'installer juste en face de la Moneda.
Palais de la monnaie, construit par les espagnols et inauguré en 1805.
Depuis 1845, c'est devenu le siège du gouvernement et la résidence présidentielle. Elle fût partiellement détruite lors du Coup d'Etat du 11 deptembre 1973, dirigé par Pinochet qui installera une dictature militaire qui durera 17 ans...et ses murs sont seuls à savoir si le président Allende destitué, s'est suicidé...ou si on l'a suicidé !
Nous déposons miss GS pour une petite révision chez son concessionnaire. Indispensable après la Bolivie et avant d'attaquer les pistes australes...Réglages soupapes, changement des bougies, vidange de pont et de boîte, purge du liquide de freins...A part le catalysateur, qui n'a pas apprécié l'eau du Salar d'Uyuni, rien, nada ! Pas la moindre petite panne à mettre sous la dent pointue des Ktmistes !!!
Haie d'honneur pour la baroudeuse.
Pendant ce temps là, nous déjeûnons sur le marché,
avec dégustation de bière locale !
Nous regardons oeuvrer les tagueurs fous...
mais quel résultat !
Il est resté très gamin !
Tandis que le jour décline sur la Cordillère, nous pensons déjà à la prochaine étape.
Entre Santiago, Chili et Mendoza, Argentine, nous empruntons El Paseo de Los Libertadores, le Col des Libérateurs, en hommage aux généraux, Bernardo O'Higgins et José de San Martin, qui au début du XIX ème, libérèrent les deux pays du joug de la couronne espagnole.
De nombreux tunnels protègent la route des avalanches. Ca nous a rappelé les Alpes.
Nous sommes au coeur de la cordillère,
et nous aperçevons son point culminant, surnommé le " Colosse de l'Amérique", l'Aconcagua, 6962 m.
Juste avant de passer la frontière...
...très lentement.
Voyager dans un bus avec un nom pareil, relève de l'inconscience ou de l'analphabétisme !
A quelques kms de là, on s'arrête au Pont de l'Inca.
Formation rocheuse naturelle spectaculaire, d'où jaillit une source d'eau chaude. Il n'est plus possible de s'en approcher car le pont menace de s'effondrer. L'hôtel et les thermes ont déjà été détruit. Aujourd'hui il ne reste que quelques bicoques en bois, traversé par une antique ligne de chemin de fer abandonnée.
Une légende raconte que l'empereur Inca, ayant entendu parlé des bienfaits de ces eaux , a fait le voyage depuis Cuzco (Pérou) avec son fils paralysé dans les bras. Arrêtés par le torrent, ses gardes firent un pont humain pour permettre à l'Inca et son fils de rejoindre la source miraculeuse. Le fils fut guérit, mais les gardes avaient été transformé en pont de pierre...
Paysages arides de la cordillière argentine.
Le luxe de l'hôtel IBIS nous attend à Mendoza...Dernier lit douillet avant un certain temps, car les prix de l'hôtellerie en Argentine sont quasi les mêmes qu'en Europe et en plus le pays est en constante inflation.. 25% par an...ça fait frémir.
On pourrait se croire en France, il a 20 ou 30 ans !
Au pied de la Cordillère, Mendoza, c'est 330 jours de soleil et 20 cms d'eau par an ! Ca pourrait être un véritable désert si l'eau de la fonte des neiges n'était récupérée par l'astucieux labyrinthe de canaux qui permet d'irriguer les vignobles de la région.
80% de la production des vins argentins, provient de la région de Mendoza.
Nous visitons au pas de charge, une première bodega, Di Tomasso, 20 minutes montre en main, dégustation comprise !
Nous sommes, comme qui dirait, restés sur notre faim !
Par bonheur nous discutons avec un cycliste français qui nous recommande une autre bodega.
Et là, nous avons rencontré et Brigitte et Philippe Subra, originaires de Castres.
Leur histoire est magnifique.
Philippe, cadre EDF, travaillait en Argentine depuis 1998.
La retraite venue, ils cherchent à s'y installer définitivement. En 2003, ils visitent une petite proprièté viticole à l'abandon à Maipu, tout près de Mendoza, c'est le coup de foudre !
C'est décidé, ils feront du vin...Il n'y connaissent rien ? Ils vont apprendre !
Et en Argentine, tout est possible, pas de quota, aucune contrainte, la liberté totale pour l'innovation !
C'est la création de CarinaE, du nom d'une constellation, l'autre passion de Philippe. Aujourd'hui, 9 ans plus tard, ils produisent et exportent toute une gamme de vins subtils et racés, dont leur joyaux, "Prestige", un assemblage de Malbec (70%), Cabernet Sauvignon, Syrah, classé parmi les 10 meilleurs vins d'Argentine.
14 heures , après une balade dans le vignoble,
nous aussi nous sommes sous le charme ! De Brigitte et de son accent du Sud, qui nous raconte avec passion la renaissance de la proprièté,
et la naissance de son vin ,
Nous avons fait la visite avec des brésiliens amateurs de vins et potentiellement acheteurs...
On a eu droit à une fabuleuse dégustation de TOUTE la gamme...
Laurent et son "nez"!
Autant dire qu'en repartant à 20 heures, on avait une pêche !!!
Il est temps d'aller dormir.
Laurent, savait que l'une des grandes figures du groupe ACCOR avait pris sa retraite en Argentine et y avait acheté une bodega. Nous décidons de lui rendre une visite impromptue.
Atamisque est la plus belle, et la plus grande propriété viticole de la région.
Son vignoble prospère au pied du mont Tupungato.
John et sa femme Chantal l'on acquis en 2004. Depuis ils vivent au paradis et nous reçoivent comme des amis de la famille, nous gardent à déjeuner,
et nous proposent même d'y passer la nuit.
Pendant que Laurent discute avec John des changements au sein de la "Grande Maison", Chantal et moi préparons le dîner. Tourte aux pommes et foie gras, salade et soupe de pêches de vignes fraîchement cueillies... Bon appétit !
Au matin après un copieux petit déjeûner, nous reprenons la route.
Cette fameuse Ruta 40, dont Laurent rêvait.
Le premier tracé date de 1935, débute à la frontière bolivienne et se termine à Rio Gallegos, au sud de la Patagonie argentine, soit 5224 kms.
En 2006, environ 50% étaient asphaltés et chaque année, le bitume gagne du terrain. Pas assez vite à mon goût !
Ruta 40 ! Ruta 40 ! Route à 40 km/h ! oui !
Petite séance de dégonflage de pneus,
avant de reprendre la piste, ça passe vraiment mieux là dessus.
On mange pas mal de poussière en croisant les voitures, on est bien secoué, mais les paysages sont superbes. ,
La rivière a creusé son lit dans les roches volcaniques.
Ou serpente calmement dans la pampa.
Dans l'article précédent, je me moquais un peu des sanctuaires sur le bord des routes qui ressemblaient à des "superettes", car envahis de bouteilles d'eau en plastique... Eh bien "mea culpa" !
Ce sont des offrandes à la "Difunta Correa", personnage mythique qui fait l'objet d'un culte semi païen en Argentine, mais également au Chili et en Uruguay.
Voici son histoire.
Deolinda Correa, dont le mari avait été recruté pendant les guerres civiles d'Argentine, milieu du XIX ème, décida de suivre les troupes dans les déserts de San Juan avec son bébé, un peu de nourriture et deux gourdes d'eau. Ses provisions épuisées, elle se coucha sous un arbre, son enfant au sein, et mourut de faim, de soif et d'épuisement. Des muletiers l'ont retrouvée le lendemain, le nourrisson qui avait continué de téter, était toujours en vie.
La légende était née.
Comme on lui attribue des miracles, depuis, chaque voyageur qui s'arrête devant un sanctuaire, lui laisse une bouteille d'eau... C'est triste, non ?
Dans le sanctuaire d' à côté, il y le "Gauchito Gil" ! Autre objet de dévotion populaire. On lui dépose quelque chose de rouge, mais aussi des cigarettes et du vin !
"Ah tu m'attends ! j'arrive."
Après une centaine de kms de piste, on retrouve l'asphalte.
Je m'détends les muscles.
et profite paisiblement du paysage.
Vue sur le volcan Lanin
Orgue de pierres.
La Patagonie commence avec la province de Neuquen,
riche en pétrole.
La route à perte de vue.
San Martin de los Andes, son camping.
Comme à la maison, un bon feu pour se réchauffer,
Et Laurent, en chausson Sofitel, fait la cuisine...Trop la classe!
La ville est une station balnéaire très chic, au bord du lac Lacar , pique nique
avant de grimper dans les collines jusqu' au mirador.
Vue sur San Martin.
C'est dans cette petite ville, à la Pastera, qu' Ernesto Guevarra, surnommé "le Che" s' est arrêté il y pile 60 ans, en janvier 1952, avec son ami Alberto Granado et leur moto, une Norton 500cm3 .
Un mini musée y retrace sa destinée. On est resté scotchés devant le reportage. Quelle vie !
Ernesto Guevara est né en 1928, dans une riche famille argentine. Asthmatique, il est réformé... mais fume comme un pompier ! Il fait des études de médecine et voyage dans toute l' Amérique Latine. Il prend la véritable mesure de la pauvreté des populations, et des inégalités sociales.
Convaincu que seule la Révolution peut en venir à bout, il intensifie son étude du marxisme au Guatemala , et rejoins Fidel Castro en 1956. Ils mènent la guérilla cubaine pendant 2 ans avant de renverser le gouvernement de Bautista.
Le Che sera exécuté en 1967 en Bolivie, à La Higuera, où il tentait d'exporter son expérience révolutionnaire.
S'il n'avait pas fait révolutionnaire, il aurait pu être star de ciné !
La Pastera en 1952, photo prise par le Che, et en 2012, prise par moi!
Le Che au mexique en 1954, et moi, au même endroit en 2011 !
On s'est loupé de peu !
Une véritable institution en Argentine, le maté.
Une tasse en bois remplie à ras bord d'un mélange d' herbes parfumées, dans laquelle on verse un peu d'eau chaude, à plusieurs reprise. On le boit avec une sorte de paille en métal, la bombilla, percée de petits trous. Il est possible de recharger le thermos en eau chaude un peu partout.
Car le maté se boit partout. En voiture, au travail, dans la rue en marchant, thermos sous le bras.
Boisson très conviviale, Je sirote, tu sirotes, ils sirotent :
de San Martin à San Carlos de Bariloche, nous suivons la route des 7 lacs.
Fin de la route, début de la piste.
Le paysage est étrange... le volcan chilien, Puyahue, à 40 kms de là, crache depuis juin dernier, un nuage de cendre,
sur les paysages argentins...parfois 15 à 20 cm d'épaisseur.
La Villa Angostura, jolie bourgade très touristique est entièrement recouverte.
Les habitants luttent tous les jours contre l'ensevelissement. Des congères de cendres bordent les routes.
Bariloche, lieu de villégiature très huppé, est beaucoup moins touché. Rencontre sympa avec des motards brésiliens s'en revenant d'Ushuaïa.
La moto attire comme un aimant, la nuit tombe,
et ça papote toujours !
Il fait un temps magnifique, idéal pour prendre le télésiège.
Le panorama est époustoufflant.
On comprend vite pourquoi, une colonie Suisse s'est installée là, au début du 20ème siècle.
La Suisse...ou la Corse ?
Pas facile de se concentrer sur les cartes routières
quand de l'autre côté du rocher...Les plus attentifs pourront même lire l'étiquette (hein Eric!!)
Allez viens bébé, on y va !!! Ya presque , les mêmes à la maison.
De retour au camping, on tombe sur Yannick, un toulousain en 1200GS.
Parti depuis septembre, il arrive d'Ushuaïa et se dirige vers le Nord. Il a connu notre site grâce à Marion et Aurel de GreatAdventure. Comme dit Yannick, ça fait bizarre de passer du virtuel à la réalité! pas trop déçu Yannick ??? "
"Nous serons rentrés, que tu seras encore sur la route, et nous aussi, nous te suivrons sur ton site...bien au chaud à la maison !" (lien site yannick) En tous cas on a passé une super bonne soirée, bien arrosée, accompagnés par Aude et Julien, un jeune couple de lyonnais en tour du monde pour 1 an.
Et nous n'étions pas les seuls à faire ripaille.
Ebouriffant ! non?
Sacré millésime ! Mais c'est aussi ce qu'il nous reste à rouler jusqu' au kilomètre "0" de la Ruta 40.
On rend une petite visite à Butch Cassidy, à Cholila
dans sa maison de rondins où il a vécu avec sa femme et son pote Sundance Kid en 1903.
Deux célèbres hors-la-loi qui sévissaient aux Etats-Unis et qui tentaient de se faire oublier en Argentine. Mais comme ça les démangeait de trop ils reprirent leurs exactions en Bolivie et ce bon vieux Butch s'y est fait descendre !
Bolivia muy malo ! Che Guevara murio, Cassidy...murio... "Ben dit donc on a eu de la chance !"
Butch Cassidy trouvait que les paysages d 'Argentine ressemblaient à ceux de l'Amérique...Peut être a t il essayé d'attaquer la Trochita ?
Aujourd'hui, la vieille loco crache toujours sa fumée noire dans les plaines..pour le plus grand plaisir des touristes.
Nous allons quitter la Ruta 40 pour poser nos roues sur une autre route mythique...au Chili cette fois, la Carretera Austral.