C'était notre dernière chance de voir Le McKinley, il se dévoile pour nous.
En route pour le Sud... ben c'est mal parti ! On a juste oublié de faire le plein en quittant Delta Junction ! Aucune pompe en service sur le tronçon, alors soit on roule à 30km/h soit on tombe en panne et je pousse... soit on demande gentiment à un couple adorable sur une aire de repos de nous dépanner de 2 ou 3 litres, histoire de rejoindre la prochaine station!!!
Il fait beau mais ça ne va pas durer !
La route est belle mais ça ne va pas durer non plus !
Peu de photo, la bitume était tellement mauvais que j'étais plus occupée à me cramponner qu'à immortaliser les nids de mammouths..."Comment ça y a pas de mammouth en Alaska ? Puisque j'vous dis qu'jai vu les nids!!".
Et puis après il pleuvait si fort que j'avais peur de noyer l'appareil photo.
Une brève incursion dans le Yukon.
... juste le temps de filmer une petite famille en vadrouille et un gros pépère solitaire.
Quelques grammes de douceur !
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Et puis comme par enchantement après avoir dépasser Destruction Bay (Rien que le nom m'amuse !) ou le seul motel pourri vend ses chambres à plus de 100 $ , pour les 100 derniers kms, le ciel s'éclaire, la route devient un véritable billard et les paysages époustouflants de beauté.
Les montagnes ont poussé comme par enchantement, et même les sapins morts noyés sont spectaculaires.
La journée a été dure... 640 Kms dont 500 complètement défoncés, pire que la Liard Hwy selon mon homme.
Un p'tit plat bien de chez nous, saucisses/purée...pour réconforter deux motards fourbus!
"Non non, c'est pas un self... c'est la chambre du motel !
On emprunte la Haines Hwy, classée parmi les "National Scenic Byway" qui récompense les plus belles routes des USA. Dommage le temps n'était pas de la partie.
Après Destruction Bay, Haines...Les villes ont des noms bizarres ici !
Pour passer le temps, on tourne un remake des "Oiseaux" d'Hitchcock.
sur les berges du fjord
en attendant le ferry qui doit nous conduire à Juneau.
Décider de prendre des ferries pour rejoindre Prince Rupert, nous évite de traverser toute la Colombie Britannique, certaines routes déjà empruntées, et 2 jours sur un bateau qui navigue sur des fjords, y a plus sévère comme punition, non ?
Le 1er, part de Haines et rallie Juneau en 4 h.
Sur les bords du fjord Gastineau, Juneau est la capitale de l'Alaska et n'est joignable que par avion ou bateau...
La ville est très marquée par ses racines Haida et Tlingit, peuples natifs.
Son réseau routier se résume, à 45 miles au nord et 40, au sud , si bien qu'on pourrait se croire sur une île!!! Le plus incroyable, c'est qu'on a vu 3 CBR et qu'il y a même un concessionnaire Harley!
A l'origine, c'était une ville de chercheurs d'or, qui en ont trouvé!
Aujourd'hui, c'est 26 000 habitants, dont 40% bossent pour l' Etat. Et ça doit rapporter gros, vu le prix de l'immobilier !
De ravissantes maisons en bois, anciennes, s'accrochent aux flancs des collines,
noyées de fleurs d'ancolies, d'azzalées et de rhoddodendrons dans une débauche de couleurs, qui me rappellent le jardin breton de ma mère.
Juneau est au coeur de la "Tongass Rain Forest", ça ressemble à la forêt enchantée des contes de notre enfance. Des arbres tortueux aux troncs noircis ou recouvert d'une mousse épaisse et de lichens qui ressemblent à des cheveux de trolls.
Si vous demandez à un habitant de Juneau : " Est ce qu'il pleut tout le temps ici ? " il répond " Non, parfois il neige ! "
Malgré le fait que nous soyons de grands sportifs !!! Nous ne ferons pas de kayak, ni de randonnées de 50 kms, ni de ski, pas plus que d'escalade de glacier, échantillon de ce que la ville offre en activités de plein air.
En revanche, nous sommes prêts à admirer le ballet des baleines, si elles se montrent, observer certaines des centaines d'espèces d'oiseaux
dont les Bald Eagles, (aigle royal) emblèmes des USA.
Contempler pantois, le Mendenhall, le glacier bleuté, le seul à oser cette couleur à Juneau!
Les campings sont le reflets de la passion des américains et des canadiens pour les activités outdoor. Les espaces pour planter la tente sont immenses, il y a toujours une table en bois et un espace pour faire du feu ou un barbecue.
Le week-end ils arrivent avec leur gros pick up chargé de bois, du barbecue king size et du matériel de camping, barnum anti pluie compris ! ben oui, pas question de se laisser gacher la fête, et c'est parti pour 2 jours de festins grillés et vas y, les ribs, les épis de maïs, les T-bones et... les chamallows !
Le camping de Juneau est au milieu de la Rain Forest, et pour la rain, on a été servi ! Première nuit tranquille, mais il a plu toute la journée de tourisme à Juneau;
Un grizzli, le seul qu'on ait osé approcher, a des ongles longs comme mes doigts !
Maillot de bain fourré moumoutte, pour touriste frileuse.
Malgré la pluie, nous avons parcouru la ville, où les gigantesques bateaux de croisières avec leurs piscines, mur d'escalade et ascenseurs panoramiques font escale. Les milliers de touristes en kway, casquettes, et tongs prennent possession des échoppes des souvenirs.
Le port est en plein centre ville, et les bateaux à quai, imposent leur démesure.
Bien installés au sec dans la bibliothèque municipale ou il y a du WiFi,
nous avons une vue plongeante sur les cabines grand luxe !
Et le luxe ça rend moche !!!
"Frimez pas! nous aussi on va la faire no't croisière 3 étoiles "!
De retour au camping, un colossal sapin recouvert de mousse nous prend sous son ramage et nous protège de la vilaine pluie tenace...mais pas des moustiques hystériques.
Mais enfer et damnation, notre tente (Félicie ...) a des fuites!!! Aussi !
Et c'est un peu dépités que nous nous glissons dans les duvets humides...
Au matin ça se calme un peu, ben c'est pas trop tôt!
Toilette de chat...sauvage !
19 H, l'heure d'embarquer à bord du ferry pour Prince Rupert.
Je laisse Laurent s'occuper de sangler la GS et file direct sur le pont supérieur à l'arrière du bateau, squatter 2 transats avec les matelas gonflables et les duvets...
"Une minuscule cabine sans hublot et lits superposés ? à 125 $ !!! Non monsieur, n'insistez pas, nous on prend la grande, 100m2, la panoramique! Le show, on le veux en 180° sur les fjord, et avec douche, toilettes et chauffage" ...il y même des casiers pour ranger ses p'tites affaires dans la journée, bon ok on la partage avec 3 personnes, mais ils ne ronflent pas !
Merci Berry de Watson lake, pour tes conseils, c'est une super idée !
Pique-nique sur le deck, avec en toile de fond un panorama fantastique,
et excités comme des puces à l'idée de passer la nuit à la belle étoile emmitouflés dans notre duvet.
La nuit tombe doucement, on s'endort au rythme feutré des gros moteurs.
Une brume épaisse et laiteuse nous enrobe, je jette un regard vers le pont, on ne distingue que le bastinguage, et dans un demi sommeil, je m'imagine sur un bateau fantôme qui glisse en silence vers nulle part dans un autre espace temps.
En pleine nuit, une pluie fine et pénétrante nous oblige à battre en retraite un peu plus à l'abri du toit. Le ferry s' engage dans une passe étroite et on à l'impression de pouvoir toucher les branches des sapins noirs.
Au matin, on aperçoit au loin, trop loin pour une photo, les courbes sombres de cétacés et leurs petits geysers d'eau.
Le temps s'écoule lentement au gré des paysages montagneux, et des eaux sombrent qu'on imagine profondes, qui se fendent et se referment après notre passage.
Cette région de l'Alaska est surnommée le"passage intérieur" car il s'agit d'un dédale de fjords (parfois pas plus large de 100 mètres) qui relie des villes dont les seuls accès sont maritimes ou aériens.
Nous ferons donc escale à Sitka, Petersburg, et son esprit norvègien...
,
La pêche est l'activité principale et cette côte abrite la plus grosse flotte d'Alaska.
Ce cabotage est une expérience intéressante, mais faudrait pas que ça dure plus de 2 jours ! Ou alors avec un bouquin de 2000 pages...pour finir avec des escarres aux fesses !
Heureusement, pour tuer l'ennui, on peut aussi rencontrer deux couples de motards qui savent vivre ! Tüllin, d'origine turque et son mari David du Kentucky qui voyagent en GS, avec Penny et David de Caroline du Nord en VStrom...
On peut aussi accepter leur invitation à déguster quelques bonnes bouteilles de vin rouge sur notre pont dortoir dans la joie et une immense bonne humeur.
Pour pimenter la soirée, on peut aussi ajouter une panne informatique qui cloue le bateau à quai pendant 4 h à Petersburg !
Ca va nous faire baisser la moyenne horaire ça!
Quand on se couche un peu chancelant dans notre duvet, et c'est pas la faute au bateau! On n'a pas le temps de se dire qu'on est un peu attaqué, que Morphée nous à déjà embarqué.
Le lendemain, il pleut, nouvelle escale, à Ketchikan, nouvelle panne...
Parlez moi des voyages en mer !
En attendant que le tas de ferraille accepte de repartir, nous assistons rêveurs au ballet incessant des hydravions qui décollent et amérissent dans une logique connue d'eux seuls!
Bon ben on a 5 heures de retard sur l'horaire !
Le capitaine a du doper les moteurs à la Red Bull, car le ferry trace la route à toute allure !
Et nous on profite ENFIN du soleil sur la terrasse de 'notre chambre".
Le temps de reprendre chacun son chemin arrive, on a passé de supers moments tous ensemble, et le top, c'est qu'on va se revoir en Caroline du Nord en juillet... et l'été prochain à ...l'ile Bouchard!!!!! See you later les voyageurs.
En quittant le ferry à Prince Rupert, nous passons à nouveau la frontière du Canada et nous revoilà en Colombie Britannique jusqu'à Vancouver.
Au revoir Alaska, on en rêvait, on a vraiment tripé !!! Ca se voit, non ?